Alexandre le Grand a conquis la moitié de l'Europe et de l'Asie. Au prix de guerres sanglantes, romancées dans cet ouvrage épique de Shan Sa.
Alexandre le Grand fait partie de ces personnages historiques à la gloire sulfureuse auréolée de mystère. Un guerrier, un conquérant, intrépide et sans limite. Ce personnage, Shan Sa, se l'est approprié pour bâtir un roman épique et grandiose, plein de batailles, de complots, de grandes étendues sauvages... et d'amour.
Alexandre, quand il était enfant, s'habillait en fille. Le garçonnet, précieux et sensible, était à l'opposé de son père, Philippe, roi des rois, vainqueur des Grecs. Tout en recevant l'éducation d'Aristote, Alexandre doit finalement rejoindre l'école militaire sous les injonctions de son père. Un père violent, brutal, aimant faire la guerre et rudoyer son fils. Un fils qui en gagnant des amitiés dans la jeune élite de la Macédoine, va réussir là où beaucoup d'autres ont échoué : renverser Philippe. Il le fait assassiner et devient donc le maître incontesté en Macédoine et en Grèce. Mais cela ne suffit plus au guerrier fièrement monté sur son cheval Bucéphale. Il va partir à la conquête des territoires orientaux, attaquant les Perses pour étendre son empire. Partout où il passe, ses armées l'emporte. Il brûle des villes, récupère des généraux à l'adversaire, élabore des traités de paix audacieux, sait caresser dans le sens du poil avant de frapper à mort les comploteurs.
Au firmament du pouvoir
En quelques années d'une ascension continue, il règne sur un territoire immense. Tout le monde en parle comme le maître de l'univers. Alexandre en a conscience mais explique cette montée vers le firmament du pouvoir d'une façon très prosaïque : « Depuis la nuit des temps, la couronne terrestre n'attendait qu'un maître. Tous ceux qui la désiraient avaient échoué. Je l'avais saisie, non parce que j'étais plus fort, plus tactique, plus déterminé que mes rivaux. Moi, Alexandre de Macédoine, je ne craignais pas les astres de la décadence. Là où les hommes avaient reculé, j'avais avancé. Là où les hommes avaient renoncé, j'avais persévéré. »
Alexandre, très marqué par la violence de son père et la douceur de sa mère, espère toujours rencontrer la reine qui assurera sa descendance, sera une compagne pour la fin de ses jours. Mais il ne rencontre que courtisanes ou femelles obséquieuses. Il se console dans les bras de fiers guerriers comme Hephaestion ou Bagoas (il fait cependant émasculer ce dernier pour mieux le dominer).
Corps à corps avec une Amazone
Plus il avance vers l'Est, plus sa troupe s'amenuise. Il veut absolument tuer Darius, le roi des Perses, en fuite vers les steppes orientales. A la tête d'une petite troupe, il rencontre des guerriers nomades. Un combat féroce s'engage. Alexandre se lance dans un duel avec le plus fougueux d'entre eux. Durant quatre jours ils voyageront en se battant, s'isolant des autres militaires. Jusqu'à la révélation : le guerrier est une femme, une Amazone, Alestria. Alexandre est sous le charme, ils s'aiment, seuls dans les prairies immenses. Après, Alestria va se baigner, Alexandre raconte son bonheur : « Elle sortit de l'eau et vint vers moi. Son corps était celui d'une guerrière. Ses deux tresses noires scintillaient jusqu'à son nombril. Ses seins, ses hanches, ses cuisses brillaient et exhibaient de longues cicatrices et des plaies profondes comme des trophées. Son visage mouillé était celui d'une enfant aux lèvres charnues, aux joues brunies par le soleil. Elle me sauta au cou et me serra contre elle. » Début d'une belle histoire d'amour ? Ce serait sans compter avec les aléas de l'Histoire, la farouche détermination des Amazones, le sens tactique d'Alexandre. Sans oublier Shan Sa, seule maître à bord de ce roman rude, presque animal. Elle parvient à brosser les portraits de deux êtres d'exception, presque éternels. Victimes de leur amour fou.
« Alexandre et Alestria », Shan Sa, Albin Michel, 19,50 €
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