Le divisionnaire Lediacre est un flic hors du commun. Avec un minimum de moyens, il fait tomber un maximum de truands…
Loin des clichés, le nouveau héros policier imaginé par Didier Sénécal n’est pas là pour épater la galerie. Au contraire, il aime agir dans l’ombre, quasiment aux frontières de la légalité, et avec une équipe réduite au minimum. Et pour l’instant, son équipe se résume à une personne : Jean-Louis Pommérieux, ancien des services secrets, travaillant presque à mi-temps puisqu’il ne passe au bureau qu’une fois dans la journée, en fin d’après-midi. Mais sa moisson est généralement très bonne : noms de dealers, d’acheteurs, date d’arrivage de drogue et de règlement de compte, il est le flic le mieux informé de Paris.
Une fliquette sous le charme
L’équipe de Lediacre qui va être renforcée avec l’arrivée du capitaine Hélène Vermeulen. C’est cette dernière qui va raconter ses débuts dans ce service peu banal. Elle raconte notamment sa première rencontre avec Lediacre, après avoir noté que son bureau se situe au dessus des ateliers de réparation des véhicules de la police. « Moyen, voilà l’impression que Lediacre donnait. Plutôt svelte pour quelqu’un de son âge, car ses cheveux grisonnants et son visage ridé indiquaient qu’il approchait de la cinquantaine. Son costume gris bien coupé et sa cravate à rayures auraient convenus à la moitié des hauts fonctionnaires de la place de Paris, ainsi qu’à des milliers de directeurs de banque, d’assureurs ou d’experts-comptables. C’est exactement cela : il avait une allure d’expert-comptable. » Mais les apparences sont souvent trompeuses et Vermeulen va rapidement s’en apercevoir. Si les méthodes de Lediacre sont peu banales, ses cibles non plus. Le commissaire aime s’attaquer à ce qu’il appelle les « Intouchables ». En gros, les dealers et toxicos du showbiz, les diplomates étrangers mouillés dans le trafic de cocaïne ou les avocats acoquinés avec le milieu.
Les starlettes au poste
Il va rapidement demander à Hélène Vermeulen de collecter un maximum de renseignements sur un dealer de banlieue attiré par le strass des vedettes médiatiques. Réceptionnant des kilos de cocaïne, il va livrer les grosses doses lui-même, rien que pour le plaisir de s’afficher avec la dernière starlette à la mode ou le plus célèbre chanteur de rock français, en haut de l’affiche depuis près d’un demi-siècle. C’est chez ce dernier, lors d’une fête mémorable, que Lediacre va frapper un grand coup. Mais avec ses effectifs réduits, il est obligé de demander de l’aide des stups, de la gendarmerie et même des services secrets français. Il pilotera cependant à distance toute l’opération avec dans la place, la belle Vermeulen, obligée de se faire passer pour un mannequin slave, légèrement idiote et peu vertueuse. Un rôle de composition pour cette austère fille du Nord, célibataire et jamais maquillée. Le récit des excès de ces demi-célébrités, ravies de s’encanailler dans une soirée huppée où la cocaïne est consommée comme du caviar à la petite cuillère, est d’autant plus réjouissant qu’ils finissent tous au poste malgré leurs cris d’orfraies.
Une opération spectaculaire mais qui n’est que la partie visible de la vaste machination ourdie par Lediacre pour faire tomber ses « Intouchables ». Il a une technique d’interrogatoire d’une rare efficacité mise au point depuis des années : « noyage du poisson, anesthésie de l’adversaire, question faussement naïve, attaque aussi soudaine que brutale, sans négliger le coup de pied à l’homme à terre. » Ce roman policier, très réaliste tant dans sa forme que sur le fond, permet au lecteur de découvrir une facette cachée de la police française. Pas clinquante, mais très efficace.
« Lediacre et les intouchables », Didier Sénécal, Fleuve Noir, 18 €
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