samedi 2 août 2014

BD : L'origine de la guerre 14/18

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Le monde entier célèbre cette année le centenaire du début de la première guerre mondiale. Un siècle nous sépare de la pire boucherie de l'Humanité. Une occasion en or pour mieux comprendre comment on en est arrivé là. Parmi les nombreuses BD récemment parues sur le sujet, la biographie sommaire de François-Ferdinand, celui par qui tout est arrivé, est la plus sérieuse et documentée. Jean-Yves Le Naour, historien, a vulgarisé la dernière année d'existence de l'héritier du trône d'Autriche, Chandre l'a dessinée. L'archiduc, en opposition avec le souverain régnant, n'est pas belliqueux. Il se désintéresse des affaires d'état pour se consacrer à sa vie de famille. C'est pourtant lui qui est désigné pour aller inspecter les troupes en Bosnie, région récemment annexée. A Sarajevo, le 28 juin, il défie les Serbes dans sa voiture décapotable. Un extrémiste parvient à l'abattre. On comprend dans cet album que cette visite, imposée à François-Ferdinand, était une provocation fomentée par l'axe. Ce coup de feu est le top départ d'un déchaînement de violence. Guerre contre la Serbie, puis la France, la Russie et le reste du monde. La faute à l'impérialisme allemand et un certain nationalisme exalté par des partis bellicistes dans les autres nations. Une leçon d'Histoire à se remémorer en ces temps de plus en plus violents.
« François-Ferdinand », Bamboo, 13,90 €



vendredi 1 août 2014

BD : Petit ogre deviendra grand

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Ogrest est un des personnages de la série Dofus. Ce manga à la française, doublé d'un jeu, a fait le succès de la maison d'édition Ankama, pionnière dans le multimédia. Pour démultiplier le succès de cet univers imaginé par Tot, il est donné carte blanche à des auteurs pour imaginer des aventures parallèles. Mig, brillant dessinateur réaliste à qui l'on doit un des succès de ces derniers mois « Le petit livre oublié sur un banc », s'est emparé d'Ogrest. Cet ogre, musculeux à la dentition démesurée, a été un enfant. Recueilli par Papa Otomaï, un alchimiste retiré sur une petite île portant son nom, il passe ses journées à éviter les leçons pour aller jouer avec Dathura, une poupée plus vraie que nature. Les premiers chapitres bucoliques et humoristiques laissent rapidement la place au drame. Une horde d'aventuriers débarque sur l'île pour tenter de voler le Dofus (œuf de dragon) détenu par Otomaï. En voulant le protéger, Ogrest entre en contact avec l'objet magique et devient le monstre que l'on connaît. Près de 200 pages d'un manga tricolore frisant la perfection. Une série à suivre.

« Ogrest » (tome 1), Ankama, 6,95 €

jeudi 31 juillet 2014

DVD : Manu Payet se souvient de son amour de collège


manu payet, situation amoureuse, c'est compliqué, studiocanal
Écrit, réalisé et interprété par Manu Payet, « Situation amoureuse, c'est compliqué » est un film parfois déroutant. On s'attend à une comédie désopilante dans la droite ligne des One man show de l'acteur d'origine réunionnaise, mais il a avant tout voulu mettre des sentiments dans cette romance entre passage à l'âge adulte et résurgence d'un amour de collège.

Ben est sur le point de se marier avec Juliette (Anaïs Demoustier) . Ils vivent ensemble depuis trois ans et ont décidé de franchir le pas. Mais à une semaine de la date fatidique, Vanessa (Emmanuelle Chriqui) revient à Paris. Cette Américaine, amour caché de Ben durant ses années collège, est devenue une bombe. Libre de surcroit. Ce ménage à trois va conduire Ben à la catastrophe. Un premier film parfois inégal, souvent trop invraisemblable, sauvé par des seconds rôles savoureux et eux, complètement déjantés, de l'ami d'enfance relou (Jean-François Cayrey) au futur beau-père (Philippe Duquesne) qui semble évadé d'un film de Mocky.
manu payet, situation amoureuse, c'est compliqué, studiocanalEn bonus dans le DVD et le blu-ray, deux petites reportages sur le tournage et pas moins de 13 minutes de scènes coupées, dont un long mariage onirique qui en dit long sur la perturbation mentale de cet adulte encore gamin dans ses fantasmes.

Studiocanal, 14,99 €  




mercredi 30 juillet 2014

Livre : Les petits soldats du diable de Maxime Chattam

Maxime Chattam, dans « La patience du Diable » développe sa théorie de la violence latente, facile à réveiller à qui sait manipuler les esprits.

maxime chattam, la patience du diable, santa, violence, albin michel Maxime Chattam, comme Franck Thilliez, joue la carte des héros récurrents. Face au duo Sharko et Lucie de Thilliez, Ludivine se retrouve seule. Car Maxime Chattam n'est pas tendre avec ses personnages. Dans le précédent thriller « La conjuration primitive », Alexis le compagnon et collègue de la gendarme de la section de recherches est tombé au combat contre une ribambelle de serial killers. C'est donc seule, un peu dépressive et totalement obsédée par son travail que le lecteur retrouve Ludivine. Elle fait maintenant équipe avec Segnon, un géant Antillais, marié et père de deux enfants. Alexis est remplacé par Guilhem, une tête, plus porté sur les recherches en informatique que par le travail de terrain, au contact des tueurs et autres malades dangereux. Lui est sur le point de se marier. Des collègues normaux, comme pour canaliser une héroïne qui a tendance parfois à déraper.
Le mal, la violence, sont au centre de ce thriller aux accents très ésotériques. Tout débute par l'interception d'un go-fast sur l'autoroute du Nord. Opération mouvementée. Ludivine s'en tire bien, même si une nouvelle fois elle a pris beaucoup trop de risques. Tête de mule et tête brûlée vont souvent de pair... Par contre pas un gramme de drogue dans les bolides. Juste un sachet énigmatique qui se révèle être... de la peau humaine. Maxime Chattam franchit un cran dans l'horreur. Il lance ses personnages aux trousses d'un dépeceur qui aurait tout à fait eu sa place dans la série télé « True Detective », sauf que son antre n'est pas en Louisiane mais dans une vieille masure du Nord.

Ultraviolence
A côté de ces scènes de pure action, l'auteur développe sa théorie sur la violence innée des hommes dans la bouche de Ludivine : « L'homme est programmé pour la violence depuis qu'il est homme, pour survivre, c'est ce qui l'a hissé au sommet de la pyramide alimentaire. Mais les tueurs en série, eux, sont une sorte de quintessence de ça, de l'ultraviolence, de l'ultradomination. » Et puis en parallèle, les actes de violences gratuites se multiplient en France. Deux adolescents font un carnage dans un TGV, un homme abandonné par sa femme tue tous les clients d'un restaurant... Une ambiance malsaine, diabolique selon Ludivine qui se met à croire à l'intervention d'un monstre manipulateur.
Et l'amour dans tout cela ? Ne pourrait-il pas sauver la jeune femme ? C'est compliqué comme on le constate en lisant ces quelques lignes : « L'humanité avait longtemps cru aux vertus de l'alchimie en cherchant à transformer le plomb en or alors que l'unique alchimie de ce monde était plus cruelle. L'amour se transformait en une souffrance incommensurable sitôt que la mort le faisait passer dans son alambic sinistre. Le néant résiduel pour témoigner de la substance même de l'amour. » Vous voilà prévenu, avec Maxime Chattam, noir c'est noir. Passionnant aussi car c'est un grand conteur qui, comme ses héros, retombe toujours sur ses pieds d'indécrottable rationaliste.
Michel LITOUT
« La patience du diable », Maxime Chattam, Albin Michel, 22,90 €


mardi 29 juillet 2014

BD : Couleurs sombres

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Dessiner un roman graphique de près de 150 pages au Bic quatre couleurs, tel est le challenge relevé, avec brio, par Blaise Guignin. Une histoire d'étudiant, un peu glandeur, beaucoup séducteur. A chaque couleur, il associe une femme. Le bleu pour une mystérieuse brune que le héros, Grégoire, croise sans cesse. Vert pour sa prof d'histoire de l'art, pulpeuse et désirable. Rouge comme la chevelure de Mathilde, la petite amie de son meilleur copain. Enfin noir comme les habits de Chloé, l'ancienne petite amie de Grégoire, du temps du lycée. Il la retrouve à la faculté et elle semble bien décidé à prendre sa revanche (il l'a laissée tomber comme une vieille chaussette après avoir obtenu ce qu'il voulait, sa virginité). Or Grégoire, pour assurer son passage, a l'idée d'échanger son identité avec son meilleur pote. Histoire d'assurer à l'un et l'autre une bonne note dans leur matière de prédilection. Cela débute un peu comme « L'auberge espagnole », mais rapidement la noirceur des belligérants fait penser à un roman de Djian. Et c'est une belle réussite.

« Quatre couleurs », Vraoum!, 16 €

lundi 28 juillet 2014

BD : A fond les manettes

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Pour le commun des mortels, le terme « Hayabusa » ne signifie pas grand chose. Par contre, tout motard qui se respecte a une admiration sans borne pour ce modèle de moto. Une Suzuki surpuissante, première moto commercialisée capable de dépasser le 300 km/h. Will, le héros de cette série écrite par Xavier Bétaucourt et dessinée par Laurent Astier, possède une Hayabusa. Une moto idéale pour aller vite et se faufiler en ville. Raison pour laquelle un gang de braqueurs de bijouteries l'utilise systématiquement. La dernière attaque tourne mal. Un autre motard tente de s'interposer. Les voyous l'abattent. Sa sœur, Emma, motarde elle aussi, croit retrouver le tueur quand elle croise la route de Will. Voilà comment ces deux, que tout oppose, vont finalement faire cause commune. Elle pour venger son frère, lui pour se disculper auprès des autorités. En 48 pages pleines de pétarades et de virages à la corde, les auteurs plantent un décor classique et moderne. Classique dans l'intrigue, moderne dans le matériel utilisé. De la bonne BD d'aventure, avec un dessin d'Astier ressemblant de plus en plus au trait de Jijé, période Valhardi.

« Angles morts » (tome 1), Paquet, 13,50 €

dimanche 27 juillet 2014

BD : les rats nautiques de Ptiluc


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Ptiluc, en plus de 30 ans de carrière, est devenu le dessinateur animalier le plus productif de la BD franco-belge. A la différence que ses rats n'ont rien à voir avec les gentilles souris et souriants mulots de Macherot. Dans « Pacush Blues » (13 volumes) il est question de dépression. Il a poursuivi dans le même style avec « Rat's », transposition de la lutte des classes dans un univers de rongeurs. « Pirat's » est la suite des aventures du peuple rat, en train de voguer sur l'océan infini, à la recherche d'un hypothétique monde meilleur. Les rats sont observés par les batraciens, le peuple crapo. Ils se battent, s'entretuent sans se douter que le véritable danger viendra du fond de la mer. Une monstre tentaculaire bien décidé à faire respecter « la bonne marche de la sérénité des profondeurs ». Parue sous forme de récits complets dans Fluide Glacial, ces métaphores animalières sont beaucoup plus intelligentes qu'il n'y paraît. De l'exercice solitaire du pouvoir à l'endoctrinement des masses en passant par la fameuse « l'union fait la force », les thèmes sont vastes et pertinents.

« Pirat's » (tome 2), Fluide Glacial, 10,80 €

samedi 26 juillet 2014

BD : Chemins d'espérance

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Compostelle, terminus ! Quatrième et dernier tome de « Campus Stellae », la série historico-religieuse de Pierre-Roland Saint-Dizier (scénario) et Andrea Mutti (dessin). Quatre volumes, pour quatre chemins différents, sur les pèlerins de Compostelle. Après Conques, la Gironde et Le Languedoc, « La mort aux quatre visages » passe par Vézelay, Bourges et Crozant. En 1348, la peste fait des ravages dans le royaume de France. A tel point que le roi a signé une trêve avec les Anglais dans la terrible guerre de 100 ans. Grégoire, un mystérieux homme au passé obscur, découvre que son frère est atteint par la maladie. Il apprend qu'un moine aurait trouvé un remède. Grégoire prend son bâton de pèlerin et retrouve l'abbaye. Une fois le grimoire en sa possession, pour mettre toutes les chances de son côté, il décide de poursuivre son chemin vers Compostelle et le Cap Finisterre. Une belle histoire de rédemption, sans espoir mais symptomatique des croyances de l'époque. Bel ouvrage de Mutti, dessinateur italien talentueux et d'une rare efficacité : quatre albums en moins de deux ans...

« Campus Stellae » (tome 4), Glénat, 13,90 €

vendredi 25 juillet 2014

BD : Paloma, espionne italienne sexy et téméraire


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Bellissima ! Paloma Crescendo est bellissima ! Imaginée par Ancestral Z et Mojo, l'espionne italienne doit beaucoup à Emma Peel, la bombe en bottes de cuir. Dessinée dans un style proche des dessins animés, cette BD se déroule durant les années 70. Paloma, au service de la Global Italian Service, est un agent secret d'élite. Fille de l'ancien directeur, elle continue à utiliser ses inventions pour mettre en déroute les « méchants ». Dans ce premier recueil de ses aventures, elle va de la Suisse à la Turquie en passant par le vignoble français. Elle est aux trousses d'un manuscrit détaillant une nouvelle forme d'énergie, économique et écologique. En plein choc pétrolier, il y a là de quoi devenir le maître du monde... Les deux auteurs mènent un projet personnel en parallèle à leur occupation principale : fournir des pages et des pages du manga Dofus. Ancestral Z écrit le scénario et dessine les personnages, Mojo se charge des décors. L'ensemble est très cohérent tant les deux jeunes dessinateurs sont complices. Un hommage très distrayant, avec cependant une petite réserve : Paloma manque de scènes sexy pour faire plus vrai que vrai dans l'hommage.

« Paloma » (tome 1), Ankama, 11,90 €

jeudi 24 juillet 2014

BD : l'Atelier Mastodonte en vacances

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Les auteurs de bande dessinée aiment se réunir en atelier pour rompre la solitude de leur activité. L'Atelier Mastodonte est la quintessence de toutes les structures existantes. Avec Lewis Trondheim en chef de bande, ils sont cinq ou six à créer leurs albums dans une ambiance de travail et de franche camaraderie. Enfin ça, c'est la théorie. Dans la réalité, chacun doit faire avec les défauts de l'autre. Cela donne des gags d'une demi-planche, dessinés à tour de rôle, distillés chaque semaine dans Spirou et repris en album dans ce second recueil à l'italienne avec une couverture signée... Peyo.
Trondheim, Feroumont, Yoann, Alfred, Bianco, Neel, Nob, Keramidas et Tebo s'amusent à s'égratigner les uns les autres. Le chef en prend plein les dents. Normal, il est obsédé par le travail, produit des dizaines de planches pendant que d'autres esquissent à peine une case. Aussi quand il propose de partir en vacances, ses collègues n'osent y croire. Et ils ont raison car pour Lewis le plan est simple, « On loue tous une maison au soleil... et on peut continuer à travailler sur place. » Une séquence vacances, dans un manoir hanté, particulièrement réussie. Mais il y également une dizaine de pages sur la disparition de Jean Giraud. Où comment des jeunes rendent hommage à un maître, avec une mention spéciale à l'histoire vraie de Trondheim et au dessin « à la façon de » de Julien Neel.
« L'atelier Mastodonte » (tome 2), Dupuis, 14,50 €