lundi 26 janvier 2015

De choses et d'autres - Leçon de résolutions

Si janvier est le mois des résolutions, février les transforme en compromissions et mars en abandons. Résultat, selon un récent sondage, 88% des bonnes résolutions prises en début d'année sont totalement oubliées au printemps...
Pas facile de changer sa vie, même à la marge. L'homme est un animal d'habitudes, le meilleur anxiolytique depuis la nuit des temps. Une vie réglée comme du papier à musique est hautement rassurante.
N'empêche, en janvier, il ressort d'une étude d'Odoxa qu'une majorité de Français prend des résolutions. Le trio de tête est horriblement banal : « faire du sport, faire un régime et avoir un meilleur caractère. » S'y ajoutent souvent arrêter de fumer, moins regarder la télévision et lire plus. Les plus extrêmes envisagent même de se coucher plus tôt, boire moins d'alcool, voire téléphoner régulièrement à ses parents... En fait, si l'on ne tient que rarement ses promesses, c'est en grande partie en raison de leur côté contraignant. Allez savoir pourquoi entre ces deux actions, « perdre quatre kilos avant la fin du mois » et « me faire un bon resto chaque semaine » c'est toujours la seconde qui l'emporte. Pourquoi je n'arrive pas à « faire des séries de courses en jogging » alors qu'il m'est si facile de « regarder des séries en jogging dans mon canapé ? »
Alors pour ne pas être déçu en mars face au triste constat (consommation de cigarettes trop élevée et garde-robe à renouveler pour cause de tour de taille exponentiel), la meilleure solution consiste simplement à prendre pour seule et unique résolution... de ne pas en prendre.

BD - Robinson aux pays des femmes


Wolinski a publié en septembre dernier « Le village des femmes » au Seuil. Une semaine après son assassinat, on peut se replonger dans ce roman graphique sur les déboires d'un vieil illustrateur séduit par une gironde blonde. On peut aussi lire « L'île aux femmes » de Zanzim, BD de 80 pages parue cette semaine dans la collection « Mille feuilles ». La thématique y est un peu identique, comme un hommage posthume. Un homme seul se retrouve piégé dans une société où les femmes ont pris le pouvoir. Céleste Bompard est un as de l'aviation. En 1913 il fait des acrobaties dans les airs et des ravages dans les cœurs des femmes. Arrive la guerre. Il est plus prosaïquement chargé de relier le front avec l'arrière. Dans la carlingue de son avion pas encore de bombes, simplement le courrier des Poilus destiné majoritairement à leurs femmes.
Touché par les canons ennemis, il s'écrase. A son réveil il est échoué sur la plage d'une île qu'il pense déserte, mais au bout de quelques semaines de solitude, il est capturé par une tribu d'amazones. Le séducteur devra, pour survivre, se transformer en parfait homme d'intérieur. 
Une très jolie fable, sur la prétention masculine, la douceur féminine et l'amour. L'amour des mots, des histoires. L'amour physique aussi. Un récit qu'aurait certainement apprécié Wolinski. Sur le fond, mais la forme aussi, Zanzim parvient à rendre très belles et désirables ces guerrières impitoyables.

« L'île aux femmes », Glénat, 19,50 euros


dimanche 25 janvier 2015

BD - La politique en folie


Mieux qu'une rétro politique, cette BD écrite par Renaud Dély et dessinée par Aurel, vous permet de revivre de l'intérieur les récents soubresauts du pouvoir socialiste. Il voulait une « République exemplaire », il s'est rapidement retrouvé avec une « république des couacs ». Pauvre François Hollande, souvent dépassé par des ministres à l'égo sur-dimensionné. Après les calamiteuses affaires Léonarda et Florange, l'exécutif pense avoir atteint des sommets de cafouillage. Pourtant, en 2014, le gouvernement fera mieux. 
L'affrontement entre Christiane Taubira et Manuel Valls est l'exemple de cette schizophrénie du pouvoir. L'une veut vider les prisons, l'autre veut en construire de nouvelles pour y enfermer le plus de délinquants possibles. Les militants de gauche en perdent leur latin. Pendant ce temps, François Hollande, comme absent, se désintéresse un peu des affaires de l'Etat. Il est des rendez-vous qu'il ne faut pas manquer. Les discrets, en scooter... 
Le meilleur reste l'affrontement entre Ayrault et Manuel Valls, puis entre Valls (qui a terrassé l'élu nantais) et Montebourg. Avec en toile de fond l'émergence d'Emmanuel Macron... Cela nous promet une année 2015 des plus agitées.
« La République des couacs », Glénat, 15,50 €

samedi 24 janvier 2015

DE CHOSES ET D'AUTRES - Le mur des sons

On est en plein dans la semaine du son. Pardon ? Je répète : ON EST EN PLEIN DANS LA SEMAINE DU SON ! Oui, de nos jours, il faut hurler pour se faire entendre. La faute aux casques, écouteurs et autres haut-parleurs poussés à leur volume maximum. Pendant longtemps, comme des générations de jeunes boutonneux naïfs, j'ai cru que seule la masturbation rendait sourd. En fait rien n'a été prouvé scientifiquement, les études sont rares et les cobayes encore plus difficiles à trouver... 
Un récent sondage sur un échantillon représentatif de jeunes adultes nous apprend que 80 % des personnes interrogées souffrent de troubles auditifs. Principaux accusés : les casques. Non seulement les sondés les mettent trop fort, mais ils les gardent même quand ce n'est pas nécessaire. Logique, pour écouter à fond la musique qu'on aime sans que les parents ne s'en aperçoivent, rien ne vaut ces ustensiles. A condition de ne pas soi-même chanter à tue-tête... Cette épidémie de surdité ne touche pas uniquement les jeunes. 
Mon épouse ne cesse de me seriner que je suis sourd comme un pot. Oui, je l'avoue, jeune j'ai beaucoup écouté de ces musiques qui ne s'apprécient que fort, très fort : The Clash (photo ci-dessus), les Béruriers Noirs et autres Garçons Bouchers ont sans doute dézingué mes jeunes tympans (Francis Lalanne aussi, durant ma période fleur bleue). Mais s'il est quelque chose que l'on n'entend pas étant jeune c'est bien la voix de la raison...

vendredi 23 janvier 2015

DE CHOSES ET D'AUTRES - Des Gérard aux Cyril

D'ici peu, il faudra rebaptiser les Gérards de la télévision. Par exemple en Cyrils tant Cyril Hanouna semble bien représenter ce qui se fait de pire sur le petit écran. Je ne suis pas loin de partager cette opinion, mais c'est surtout une évidence au vu du palmarès de la 19e édition, dévoilé lundi soir en direct sur Paris Première. En plus de remporter haut la main le Gérard de l'animateur, le trublion de D8 s'est également imposé dans les catégories « Gérard de l’animateur qui a tellement réussi à squatter les programmes de sa chaîne qu’il va devenir encore plus difficile à déloger que l’État Islamique en Syrie » et « Gérard de l’animateur qui a visiblement dû réussir pour coucher ». 
Le roi de la soirée, absent on s'en serait douté, a pu se consoler en constatant que sa complice, Enora Malagré, en a également pris pour son grade. Sacrée pire animatrice du PAF, elle s'impose aussi dans une catégorie qui la définit à la perfection : « Gérard de l’animatrice qui avait toutes les qualités pour vendre du poisson à la criée, mais qui a préféré vendre de la soupe à la télé ». 
Émission méchante, les Gérards de la télévision permettent, une fois par an, de rire de bon cœur de présentateurs qui ordinairement nous énervent ou nous insupportent. Mais ce n'est que de l'humour. Pour preuve, ce lundi, deux animatrices ont joué le jeu. Alessandra Sublet, Gérard du paradoxe, en a profité pour régler ses comptes avec Thierry Ardisson. Quant à Valérie Damidot, malgré son échec au Gérard de l'accident industriel, elle est monté sur scène et a même fait de la figuration dans un sketch. Chapeau mesdames ! 

Chronique "De choses et d'autres" parue le 20 janvier en dernière page de l'Indépendant.

jeudi 22 janvier 2015

DE CHOSES ET D'AUTRES - Le jour des câlinous

Nous sommes tous des Câlinous. Hier, journée internationale des câlins, la planète tout entière s'est transformée en monde des Bisounours. En théorie seulement. Certains se montrent toujours très hostiles au moindre contact humain. Une explication scientifique : ils ont peur des décharges d'électricité statique. A moins que ce ne soit la crainte du coup de foudre. Car un câlin, on sait comment il commence, pas comment il finit.

Et entre câlin et lapin (espèce animale en bonne voie d'acquérir chez les Chrétiens la même connotation que le cochon chez les Musulmans) il n'y a qu'une lettre et un accent circonflexe de différence.
Pourtant, un câlin impromptu fait tellement de bien. Prenez François Hollande. Un dimanche matin, sur le perron de l'Elysée, en dehors de tout protocole officiel, il se fait câliner par Angela Merkel devant les caméras des télévisions du monde entier. Après l'horreur, la peur et l'indignation, ce petit moment de tendresse a finalement eu une force telle qu'il était impossible de ne pas reprendre foi en l'Humanité. Je suspecte d'ailleurs Hollande de lui devoir une grande partie de ses plus 21 % d'opinions favorables.

Alors hier j'espère que vous avez respecté à la lettre cette journée. Un câlin à maman, un câlin à papa, à ses enfants, ses amis... ses ennemis. Certes plus risqué, mais pourquoi ne pas essayer. Je rêve de ring de boxe transformé en ring de câlins (ce que font d'ailleurs les combattants à la fin), de champs de bataille de bisous... Franchement, on en a tous vraiment besoin depuis un certain 7 janvier.  
Chronique "De choses et d'autres" parue le 22 janvier en dernière page de l'Indépendant 

mercredi 21 janvier 2015

DE CHOSES ET D'AUTRES - Un nom sinon rien

Comment va-t-on l'appeler ? Tout créateur d'entreprise passe forcément par cette étape souvent plus compliquée qu'il n'y paraît. Rassurez-vous il existe des spécialistes en "naming" pour secourir ceux qui sont en mal d'inspiration.

La société Namae Concept, par exemple, a mis au point un logiciel en ligne pour trouver la meilleure dénomination à votre projet. Vous rentrez quelques données (secteur d'activité, localisation...) et il vous propose un nom. Le logiciel peut fonctionner pour tout. Par exemple, la fusion de plusieurs régions dans quelques mois aboutira aussi à un changement d'appellation. Chez nous, en Languedoc-Roussillon et Midi-Pyrénées, la décision s'annonce épique. On se souvient de la levée de bouclier quand Georges Frêche a voulu rebaptiser la région Septimanie. L'idéal serait de présenter plusieurs propositions et de les soumettre au vote populaire lors des Régionales. Mais ne rêvons pas, les candidats veulent qu'on vote pour eux, pas que l'on décide pour eux. Sinon, à quoi sert de se présenter ?
Autre secteur à qui l'aide de ce logiciel s'avérerait précieuse : la coiffure. En France, il semble inenvisageable de nommer un salon sans commettre un jeu de mot. Pour preuve le site "Nos amis les LOLcoiffeurs" recense les enseignes les plus farfelues. De "Planet'Hair" à "Attrac'Tif" ils se comptent par dizaines. La palme quand même à ce salon de Seine-Saint-Denis qui a de la suite dans les idées : "L'exp'Hair de la maison m'Hair à qui tu la feras pas à l'env'Hair". En voilà un qui ne manque pas d'Hair...

mardi 20 janvier 2015

DVD - "Hercule", le muscle mythologique

Dwayne Johnson est « Hercule » dans un péplum gonflé à la testostérone.

Les muscles de Dwayne The Rock Johnson sont-ils encore plus impressionnants en 3D ? On se pose légitimement la question après le visionnage de « Hercule », Péplum de Brett Ratner, valeur sûre d’Hollywood depuis les succès phénoménaux de la saga « Rush Hour ». La sortie en DVD du film qui a attiré plus de 700 000 spectateurs en France vous permet de vous faire une opinion car un blu-ray 3D fait partie du lot. Mais même en images 2D, le colosse, ancien catcheur reconverti dans le cinéma, a des arguments pour affoler les fans de musculation. Il a souvent répété lors de la promotion qu’interpréter Hercule était un rêve de gosse. Par contre, il ne s’est pas exprimé sur la véritable personnalité du héros de cette version beaucoup moins mythologique que les récits antiques.

Hercule, dans cette version, n’est pas un demi-dieu. Simplement un homme, plus fort que la moyenne, mais tout à fait mortel. Sa légende, il la fait prospérer. Devenu mercenaire, accompagné de quelques amis, il se vend au plus offrant. Son but : accumuler assez d’or pour se retirer dans une maison au bord d’une plage de la Mer Noire... 
Après une ouverture où il dégomme une quarantaine de pirates (clin d’œil à Astérix ?), il est embauché par le roi Cotys (machiavélique John Hurt) pour libérer son pays des assauts de tribus sauvages. Le dosage du film est assez déséquilibré. Avec plus de 70 % de combats et de batailles, les amateurs d’humour et d’intrigue restent sur leur faim. Les blagues se comptent sur les doigts d’une main et le retournement de situation est prévisible assez rapidement. Reste donc de l’action, des coups, des effets spéciaux et un monceau de cadavres. Les profs de sport apprécieront. Ceux d’Histoire un peu moins...

« Hercule », Paramount Video, 25 euros pour la pack DVD et blu-ray version longue, 20 euros le DVD, 30 euros le blu-ray 3D.




lundi 19 janvier 2015

DE CHOSES ET D'AUTRES - Manon, mais si…


Overdose de malheurs, de drames. Il faut savoir décrocher. Samedi, pour la première fois en dix jours, je coupe la radio et oublie les chaînes d'infos en continu pour des programmes moins anxiogènes. Une petite séance de rattrapage de "The Big Bang Theory" sur NRJ12, quelques épisodes de "Girls" de la géniale Lena Dunham sur OCS à la demande et final en apothéose avec de la variété. Un peu trop entendu la Marseillaise (avec un bout d'Internationale aux obsèques de Charb), place à la légèreté et l'insouciance.

Comme un peu plus de 7,5 millions de personnes, j'ai vu dans "The Voice", sur TF1, le premier passage à la télévision de Manon Palmer, celle qui, n'en doutons pas, remportera le concours, vendra des millions de disques et remplira les salles de spectacles. Normalement, ce jeu ne s'intéresse qu'aux prestations vocales des candidats. Dans le cas de Manon Palmer se contenter de cet atout serait bien dommage. Longue chevelure bouclée, lèvres carmin, sourire ravageur, si elle n'avait pas une voix d'exception, elle pourrait faire carrière dans le mannequinat.
Malgré ses 16 ans et demi, elle dépasse Jenifer de 20 bons centimètres. Pas étonnant, cette franco-américaine est la fille d'un ancien basketteur professionnel. Zazie, avant de lui demander de quelle planète elle venait, a lancé ce mot pour détendre l'atmosphère : "Comment tu t'appelles ?" "Manon." "Mah si… »
Voilà comment pendant quelques minutes, charmé par une voix, un sourire, un enthousiasme juvénile, j'ai pu oublier toute l'horreur du triste monde dans lequel nous vivons.
En bonus vidéo, sa prestation de samedi.



dimanche 18 janvier 2015

Roman - Gros tirages, énormes rires

Fioretto et Haudiquet imaginent les prochains best-sellers. Des pastiches beaucoup plus marrants que les originaux...

Habituellement, début janvier, je profite d'une baisse notable de l'actualité pour lire nombre de nouveaux romans. Cette année, quelques décérébrés armés ont bousculé mon train-train annuel. Résultat je passe à côté de best-sellers potentiels. Par chance, dans ma PAL (pile à lire) se trouve en tête la dernière production de Pascal Fioretto et Vincent Haudiquet « Concentré de best-sellers » paru chez Chiflet & Cie. 
Les deux humoristes, devenus des piliers de Fluide Glacial, ont imaginé pour les fainéants les quatrièmes de couverture des prochains romans de nos meilleurs (ou du moins les plus vendus...) écrivains. Du concentré de pastiche hilarant. Il y en a pour tous les goûts. Classés par thèmes, les auteurs brocardés vont des « difficiles » (Annie Ernaux fait les soldes chez But), aux « obligatoires » (Beigbeder fait la queue à la Poste pour expédier un Colissimo) en passant par « les auteurs pour dames ». Dans cette dernière catégorie, saluons le titre du prochain pavé de Katherine Pancol, « La tranquille audace des mouches bleues du jardin du Luxembourg », roman gigogne où « la valse trépidante des synonymes, des répétitions et des zeugmes peut commencer... »
Pour chaque auteur, on peut lire un résumé du roman ainsi qu'une biographie non politiquement correcte. Pour Bernard-Henri Lévy sa bio débute ainsi : « il nait en Algérie en 1948, puis s'installe à Neuilly qui a l'avantage d'être plus près du Flore. » On rit aussi en découvrant que Virginie Despentes, « capable d'écrire un livre en six jours, telle un Simenon sous Red Bull, ne se lasse jamais de nous surprendre par la noirceur de son style et de ses ongles. »

Le cas Houellebecq
S'ils sont presque tendres avec quelques écrivains épinglés, le duo a parfois la dent très dure. Patrick Poivre-d'Arvor en prend pour son grade. Son prochain best-seller, « Notre-Dame du côté de chez Swann » met en relief son goût prononcé pour les « emprunts » littéraires que les magistrats ont trop souvent tendance à renommer « plagiats » dans leurs jugements. D'ailleurs ce livre imaginaire est co-édité par le tribunal de commerce de Paris...
Quant à la vedette de la véritable rentrée littéraire de janvier, un certain Michel Houellebecq, il a droit à un chapitre complet à son nom. Pas étonnant pour cet ovni totalement inclassable. Dans son prochain roman, il raconte comment il charge Pascal et Vincent de lui écrire son prochain roman. Ces « écrivaillons fatigués » acceptent « de rédiger le prochain faux Houellebecq : l'histoire d'un type qui a vendu à Google un système de localisation par satellite du point G de toutes les femmes de la planète. » Un roman avec beaucoup de scènes de sexe et un final sanglant « Michel se fait assassiner par une Femen »...
Finalement, en un seul livre je peux rire de 80% de la production littéraire française. Fioretto et Haudiquet devraient entrer à l'Académie française, ça dériderait les cacochymes gâteux verdâtres qui ont un grand besoin de lifting.

« Concentré de best-sellers » de Pascal Fioretto et Vincent Haudiquet, Chiflet & Cie, 14,50 euros