mardi 6 janvier 2015

DVD - "Mister Babadook", peurs australiennes


Les films d'horreur les plus efficaces ne sont pas ceux qui proposent quantité d'effets spéciaux. La peur, avant d'être montrée, doit être ressentie. Jennifer Kent, la réalisatrice de « Mister Babadook » a parfaitement intégré cette donnée pour son premier film. 
Des décors minimalistes (une vieille maison) et deux acteurs impliquées (la mère Essie Davis et son fils Noah Wiseman) suffisent pour vous filer une frousse mémorable. Depuis la mort de son mari dans un accident de la route, Amelia élève seule son fils Samuel. Ce dernier, comme beaucoup de petits garçons de 7 ans, est persuadé que des monstres colonisent ses placards et vivent sous son lit. Elle doit développer des trésors d'ingéniosité pour le rassurer. Jusqu'à ce qu'elle lise l'histoire de Mister Babadook, un monstre qui vient frapper à la porte de la maison la nuit venue. Réel ou imaginaire ? Le cauchemar peut commencer.
Une variation brillante et virtuose sur les névroses, la folie et l'imaginaire. Récompensé à juste titre en 2014 au festival du film fantastique de Gérardmer.

« Mister Babadook », Wild Side Vidéo, 19,99 euros DVD, 24,99 euros blu-ray 


DE CHOSES ET D'AUTRES - Vrais et faux défauts

Séduire une femme (ou un homme, tout dépend du sexe et de l'orientation sexuelle), est certainement le plus grand défi que l'on puisse se lancer. Grâce à internet, les agences matrimoniales se sont dématérialisées pour se transformer en sites de rencontres. Terminée la cour galante, place au rentre-dedans.

Et surtout vive les arrangements avec la vérité. Tout est une question de plus ou de moins. Plus grand, moins vieux, plus riche, moins gros... Quelques ajustements sur les curseurs et on passe d'insignifiant à intéressant. Problème, l'étape de la rencontre en tête-à-tête ruine tous ces beaux mensonges. Les petits malins de « Settle for love » ont eu l'idée de créer un site de rencontres où les membres ne sont pas obligés de tricher pour se présenter.
Votre profil se compose de deux colonnes : vos qualités et vos défauts. Souvent, cette seconde catégorie constitue la dominante de votre personnalité. Quelques exemples. Il s'affirme très patient, mais n'aime pas les chiens. Il adore les ours, mais passe son temps à jouer aux jeux vidéo. Les créateurs du site affirment que certaines personnes verront dans ces inconvénients de réelles qualités. Le fameux « qui se ressemble s'assemble ».
Attention cependant, certains défauts sont réellement rédhibitoires. « Je pue des pieds » reste un répulsif total et définitif dans toute relation amoureuse normale. A l'opposé, mesdames, vous n'obtiendrez aucune réponse à votre annonce si vous avouez « ne pas supporter les hommes qui laissent systématiquement les lunettes des WC relevées. » Arrêtez de vous bercer d'illusion, cet oiseau rare n'existe pas...

dimanche 4 janvier 2015

Cinéma - La triste élite britannique du "Riot Club"

Ils sont riches et intelligents. Ils sont surtout prétentieux et odieux... La jeunesse britannique est passée à la moulinette dans « The Riot Club », film de la Danoise Lone Scherfig.


Oxford. La prestigieuse université anglaise est le passage obligé pour l'élite britannique. Depuis des siècles, les meilleurs y bénéficient d'un enseignement de qualité pour les préparer à occuper les plus grandes responsabilités. Une culture de l'excellence qui a cependant ses inconvénients, ses dérives. « The Riot Club », film de la Danoise Lone Scherfig inspiré d'une pièce à succès de l'Anglaise Laura Wade qui en assure l'adaptation, décrit le fonctionnement d'un Club étudiant très extrême. Le Riot Club n'a rien à voir avec l'émeute, traduction littérale du mot. C'est en fait un club libertin en l'honneur de Lord Riot, un noble aux idées très larges en matière de sexe, étudiant à Oxford et trucidé par un mari cocufié. A chaque rentrée de premières années, le club doit recruter de nouveaux membres. Mais il ne doit jamais en compter plus de dix. Des hommes, bien évidemment.


Les premières images du film (après la courte scène de la mort de Lord Riot), présente les arrivées de Miles (Sam Claflin) et Allistair (Max Irons). Ce dernier va être choisi par les autres membres. Même s'il n'a pas tout à fait le profil type. Côté richesse et intelligence pas de problème, mais c'est surtout au niveau de l'humanité que le bât blesse. Il en a trop. Beaucoup trop. Allistair tombe même amoureux d'une autre étudiante. Il accepte cependant de passer les épreuves. Une sorte de bizutage extrême.

Repas de tous les excès
Déjà à ce niveau, les membres du Riot Club sont très antipathiques. D'une prétention absolue, ils se moquent des conventions, estiment que tout leur est du, qu'un chèque permet de tout obtenir. Mais c'est peu de choses à côté du repas officiel au cours duquel les membres du club vont désigner le président.
Pour plus de discrétion, ils choisissent une auberge du Pays de Galles, chez les bouseux... Ils louent une grande salle et débutent leur orgie de plaisirs. Des tonnes de nourriture, pour manger à s'en faire éclater la panse (on n'est pas loin de la Grande Bouffe), des litres d'alcool pour faire descendre le tout, une prostituée pour satisfaire les besoins des uns et des autres et surtout la volonté d'humilier le personnel et de saccager le mobilier.
Dans ce lieu clos, comme à l'abri de toute raison, ils se déchaînent. Miles est le plus violent, le plus jusqu'au boutiste. Allistair, lui, craque, préfère quitter le navire avant qu'il ne soit trop tard. Mais il est toujours trop tard quand on est membre du Riot club...

Ce n'est pas un hasard si le scénario et la mise en scène sont l'œuvre de deux femmes. Il fallait un regard féminin pour montrer toute l'horreur de la situation de mâles arrogants. Ils sont jeunes, beaux, riches et intelligents. Mais ils se ressemblent : tous pourris. Quand l'élite se délite, un pays court à sa perte. Enfin, c'est ce que l'on pourrait croire. En réalité, la fin est encore plus noire que le repas. Miles ne sera finalement pas inquiété. Au contraire, ses frasques lui ouvrent des portes car comme lui fait remarquer un ancien du club, occupant un poste prestigieux : « Les gens comme nous ne font pas d'erreur »...

samedi 3 janvier 2015

BD - Autobio inversée de Maliki à Souillon


Maliki est une héroïne de bande dessinée qui a débuté sur internet. Des strips, puis des histoires courtes. De plus en plus de vues et finalement la reprise en albums chez Ankama. Maliki, mignonne, espiègle, les cheveux roses, les oreilles pointues, est mangaka. Elle dessine ses propres histoires. Sauf que rapidement on a découvert que ce n'était qu'une couverture pour un certain Souillon, homme et français. Pour la première fois le jeune auteur signe un album sous son véritable nom. 
Ce n'est pas un hasard s'il décide de raconter sa période étudiant en arts plastiques. Mais encore une fois, il inverse cette autobiographie en donnant son rôle à Mali, une Maliki beaucoup plus trash que l'originale. En permanence avec de gros écouteurs sur la tête, elle ne supporte plus les cours théoriques. Alors elle boit (beaucoup), se fait draguer (toujours) et finit ses nuits seule dans de terribles angoisses, terrées au fond de son petit appartement. Elle a deux amis, un garçon qui est amoureux d'elle et une fille, qui elle aussi est amoureuse d'elle... Finalement, elle préfère coucher avec son prof de « Photocopie », adepte de champignons hallucinogènes. Une BD étonnante, entre introspection, satire sociale et critique sociétale.

« Hello Fucktopia », Ankama, 14,90 €

Cinéma - « Mommy », combat d'une mère

Destin violent et dramatique que celui de Steve, un adolescent turbulent, fils unique d'une veuve dépassée par les événements. Xavier Dolan frappe fort. Et juste.


Avec « Mommy », Xavier Dolan a fait sensation au dernier Festival de Cannes. Une première sélection pour ce jeune prodige et d'entrée une polémique. Lauréat du prix du Jury ex-aequo avec un Jean-Luc Godard qui n'a plus grand chose à dire, Dolan méritait selon la majorité des critiques la palme d'or décernée au beau (mais trop classique) « Winter sleep ». Il reste au public de se faire sa propre idée, « Mommy » étant sans conteste le film le plus attendu ce mercredi.

Le spectateur est mis à rude épreuve dans les premières scènes. Il doit tout d'abord s'adapter au format de l'image. Pour être au plus près des visages, le réalisateur a coupé le superflu et gardé le centre de l'image. Ajouter à cela un déluge de phrases argotiques assénées par Die (Anne Dorval), la mère d'un enfant à problème. Elle vient le récupérer dans un centre fermé qui ne peut plus le garder. Steve (Antoine-Olivier Pilon) vient d'incendier le réfectoire. Pas mal de dégâts matériels mais surtout un de ses camarades sérieusement brûlé. Les retrouvailles entre la mère et son fils sont hautes en couleur. L'ado, totalement insouciant des conséquences de ses actes, ne cache pas sa joie à grand renforts de tonitruants « tabernacle ! » traduits en français par autant de « putain ! » Des sous-titres écrits par Xavier Dolan en personne. Une tâche qu'il n'a pas délégué en plus d'écrire le scénario, de réaliser, de concevoir les costumes et d'assurer le montage...

Hyperactif et violent

Steve, sous une gueule d'ange blond, abrite une personnalité complexe et velléitaire. Il souffre de TDAH, trouble de l'attention et hyperactivité. A la moindre contrariété, il part en vrille. Hurlements avant de devenir violent. Carrément dangereux. Die, dans sa nouvelle maison et son nouveau quartier, tente de s'intégrer. Elle se fait draguer par un voisin avocat, tente de rompre la glace avec la mère de famille de la maison d'en face. C'est elle, Kyra (Suzanne Clément) qui parviendra un jour à mettre fin à une crise de Steve. Une étrange relation va se mettre en place entre l'exéburante mère, la voisine introvertie et bègue et le fils, pas encore homme mais si séduisant malgré ses défauts. Par une des ces trouvailles qui montre toute l'étendue du talent de Xavier Dolan, le film passe d'un univers étriqué et oppressant à une ambiance large et pleine de bonheur partagé. Quelques minutes d'espoir qui verra son summum avec la douce rêverie de Die, imaginant son fils guéri, brillant, mari attentionné, père exemplaire. Un songe de courte durée. La maladie semble la plus forte. Et comme le fait remarquer une assistante sociale en début de film : « ce n'est pas parce qu'on aime quelqu'un qu'on peut le sauver. » Le film, dans son réalisme implacable, nous fait encore plus toucher du doigt le désespoir et l'infinie tristesse de cette mère, impuissante mais obligée de faire des choix mortifères. Du très grand cinéma par un réalisateur qui aurait dû avoir, effectivement, la palme d'or dès sa première participation au Festival de Cannes.

Un réalisateur, deux muses


« Mommy » est le sixième long-métrage de Xavier Dolan. Il n'a que 25 ans mais fait déjà partie des valeurs sûres de ce nouveau cinéma canadien, affranchi des stéréotypes européens et bousculant les conventions hollywoodiennes. Son premier film, « J'ai tué ma mère » explorait déjà les rapports entre mère et fils. Il y réglait ses comptes avec sa génitrice. Dans « Mommy », il lui donne sa revanche. Le réalisateur a trouvé dans Anne Dorval et Suzanne Clément deux muses essentielles dans son processus de création. Anne Dorval est donc abonnée aux rôles de mères dans ses films. Si dans le premier film elle est sobre et responsable, dans le second elle montre l'étendue de son registre de comédienne. Die est formidable dans ses attitudes de quinqua qui s'habille toujours en midinette et qui aime séduire, comme pour se rassurer sur sa place dans la société. Cela n'empêche pas la profondeur et la complexité du personnage symbolisée par les dernières minutes : face, l'enthousiasme, pile le désespoir. Ces quelques minutes à elles seules auraient mérité à Anne Dorval un prix d'interprétation à Cannes. L'autre femme essentielle dans la filmographie de Xavier Dolan est Suzanne Clément. La rousse flamboyante endosse la personnalité d'une femme blessée, traumatisée, incapable de parler en public, de s'affirmer. Il n'y que le duo Die/Steve qui va pouvoir lui redonner un semblant de vie sociale. Un rôle tout en retrait et en silence, ingrat mais essentiel dans la trame du film.

Et comme d'habitude Xavier Dolan a truffé son film de musique. Souvent actuelle, de Céline Dion (« Notre trésor national » s'exclame Steve en invitant Kyra à danser) à Lana Del Rey dont le dernier tube illustre à merveille la scène finale.


vendredi 2 janvier 2015

Roman - Scandales à la sauce islandaise

Sous prétexte d'une enquête policière classique, Arni Thorarinsson passe au scanner le fonctionnement de la presse en Islande et les jeux subtils des hommes politiques locaux.

Un roman policier d'Arni Thorarinsson est tout sauf simple. Il faut s'accrocher dans les premières pages de « L'ombre des chats » vu le nombre de personnages. Normal, l'action se déroule au cours d'un mariage où les deux-tiers des protagonistes du livre se retrouvent. En premier lieu Einar, le journaliste vedette du Journal du Soir. Cet enquêteur hors pair, limier implacable à la plume aussi acérée que libre, est un ami et collègue des amies des mariées. Deux mariées, car en Islande, beaucoup plus tôt qu'en France, le mariage entre personnes du même sexe est possible. Même devant les autorités religieuses, en l'occurrence un pasteur. 
Cela n'empêche pas les fâcheux de s'inviter à la noce. Quelques perturbateurs directs, non pas par idéologie, mais à cause de l'alcool, de vieilles rancunes ou simplement d'histoires d'argent. Einar regarde tout cela distraitement. Il est surtout tracassé par deux SMS qu'il vient de recevoir sur son téléphone. Des allusions graveleuses et bourrées de fautes d'orthographe. Qui a bien pu lui a envoyé ces horreurs ? Il aura la solution quelques jours plus tard, grâce à l'intervention de la responsable informatique du journal (on ne dira jamais assez de bien de ces hommes et femmes, toujours sur la brèche et pourtant disponibles pour dépanner ou aider ces écrivaillons handicapés du mégabit). Einar a donc subi des avances sexuelles de la part du numéro 2 du parti socialiste, futur numéro 1, possible Premier ministre. Un élu qui justement est au cœur d'une des enquêtes d'Einar, une tonitruante histoire de corruption. Le tout au moment même où la majorité du capital du Journal du Soir va peut-être changer de mains. Et comme par hasard c'est le pire ennemi du numéro 2 du PS qui ambitionne de contrôler l'influent quotidien...

Double suicide
N'importe quel auteur se serait largement contenté de cette intrigue pour boucler les 300 pages du polar. Arni Thorarinsson non. Il rajoute à cette histoire déjà passablement touffue un double suicide assisté par ordinateur (dont une des deux mariées du début du roman), le passage à tabac d'un employé modèle, la fuite en Europe de l'ancienne maîtresse d'Einar, toujours recherchée pour escroquerie et l'aménagement de nouveaux voisins dans l'immeuble du journaliste. Un couple victime de la crise qui a trois chats très indépendants, ces fameux chats qui donnent le titre au roman. Bref, impossible de s'ennuyer dans ce genre de livre. Notamment quand Einar juge ces hommes politiques magouilleurs et imbus de leurs personnalités. « Ces types se posent en hérauts de la liberté et de la vérité, mais uniquement quand ça les arrange. N'ont-ils pas conscience du paradoxe ? A moins qu'ils ne soient schizophrènes ? Je l'ignore. En revanche, je sais que ce genre d'hommes dirigent le pays et sans doute le monde entier. Pourquoi ? Justement parce qu'ils sont comme ça. »
Autant polar que roman social et politique, « L'ombre des chats » est une nouvelle preuve éclatante de l'incroyable richesse de la littérature islandaise, petit pays par le nombre d'habitants, géant des lettres par l'excellence de ses auteurs.
Michel Litout

« L'ombre des chats », Arni Thorarinsson, Métailié, 20 €

jeudi 1 janvier 2015

Roman - Sous la ville rouge

Charlie Hasard, le personnage principal de « Sous la ville rouge » de René Frégni rêve de devenir écrivain. Passionné de boxe, vivant reclus dans son petit appartement marseillais, il espère le coup de fil de la maison d'édition parisienne. Mais il ne reçoit que des lettres types de refus... Charlie s'obstine, relance, réécrit. Il est au bord du suicide quand enfin il reçoit le coup de fil salvateur. 
Mais il faut passer le filtre du comité de lecture. Un veto annihile tous les espoirs de Charlie. Le personnage imaginaire n'a pas de seconde chance. Et il décide de dire sa façon de penser à ce tueur de talents. Avec ses poings de boxeur. L'écriture de René Frégni, tranchante, aiguisée, dissèque les illusions de son héros. Jusqu'à la folie. (Folio, 5,60 €)


mercredi 31 décembre 2014

BD : Aujourd'hui l'apocalypse dans "Le grand Mort" de Loisel, Djian et Mallié


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Nette montée en puissance de la série fantastique « Le grand mort ». Remarquée dès le premier épisode, elle ne cesse de conquérir de nouveaux adeptes. Un succès qui semble offrir l'opportunité aux auteurs de se donner du temps et de l'espace pour mieux charpenter leur univers. Il y a d'un côté notre monde réel et de l'autre celui du Grand Mort. Le seul passage entre ces deux dimensions est très fréquenté. Et pas sans conséquence. Blanche, la petite fille venue de l'autre côté de la porte, vit désormais avec Erwan, au prénom breton mais à la peau noire comme ses lointains ancêtres africains. Ils vivent retirés dans une masure aux cœur des bois. Quand ils décident d'aller au village se ravitailler (Blanche, tout en ayant des pouvoirs surnaturels, n'en demeure pas moins une fillette qui a faim et aime beaucoup les petits pains aux chocolats), ils découvrent une région dévastée. Un tremblement de terre à causé des milliers de morts. Un phénomène planétaire. Dans ce décor d'apocalypse, le duo tente d'aider les blessés alors que sur les routes, Pauline (la mère de Blanche) et Gaëlle, tentent de rejoindre la Bretagne en scooter dans un monde en pleine déliquescence. On retrouve au scénario de ce best-seller un vieux routier de la BD, Loisel, aidé par un jeune plein de promesses, Jean-Baptiste Djian. Un succès dû également au trait élégant et très expressif de Vincent Mallié qui a par ailleurs repris le dessin de la Quête de l'oiseau du temps d'un certain... Loisel.

« Le grand mort » (tome 5), Vents d'Ouest, 14,95 euros

mardi 30 décembre 2014

Cinéma : Grandiose Égypte dans "Exodus" de Ridley Scott

La superproduction de Ridley Scott utilise toutes les techniques modernes pour rendre palpitante et spectaculaire la fuite du peuple juif d'Égypte
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Sacré défi que celui relevé par Ridley Scott : adapter la vie de Moïse dans un film grand spectacle en 3D. « Exodus, gods and kings » est la grosse production de ces fêtes de fin d'année. Un mélange de péplum, de réflexion religieuse et d'histoire. Plus de deux heures d'un spectacle total et absolu, entre batailles, scènes épiques et scènes plus intimistes. Cela manque parfois un peu d'humanité, mais c'est le destin d'un peuple qui se joue dans cette fresque monumentale. Ramsès règne sur l'Égypte. Il a deux fils. Son descendant direct, Ramsès II (Joel Edgerton), futur pharaon, et Moïse (Christian Bale), son frère de lait. Si le premier est impétueux et parfois arrogant, l'autre, grand stratège et courageux général, semble plus posé et a une vision à plus long terme du devenir de l'empire. En ces temps fastueux, les pyramides sortent à peine de terre. Pour les bâtir, les Égyptiens ont une main-d'œuvre gratuite et corvéable à merci : les Juifs. Ce peuple esclave meurt sous les coups de fouet de contremaîtres sans pitié.



Le début du film montre deux jeunes hommes, amis mais aussi rivaux. Ils vont mener une grande bataille contre les Hittites, premier tour de force cinématographique de Ridley Scott. On découvre un Moïse peu habituel. Avant d'être le prophète, confident de Dieu, il manie l'épée avec force et rage. Il sauve même Ramsès d'une mort certaine, comme annoncé par une devineresse. Quand Ramsès II accède au pouvoir, Moïse apprend qu'il est un Juif sauvé du massacre perpétré par les Égyptiens. Répudié, banni, il va quitter les ors du palais et devenir un simple berger, fondant une famille dans un havre de paix.

Plaies en relief
Ensuite, on retrouve l'histoire archiconnue : l'apparition de Dieu, la décision d'aller sauver son peuple. Durant une période, Moïse se comporte comme un vulgaire terroriste, persuadé que Ramsès pliera si son peuple l'y oblige. Mais la réponse du Pharaon est implacable et les exécutions publiques se succèdent. Comme une parabole sur des faits d'actualité encore présents dans la région.

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Finalement Dieu décidera de prendre les choses en main. Ce sont les dix plaies qui s'abattent sur l'Égypte. Sans doute le moment où la 3D est utilisée à son maximum. Quand des nuées de sauterelles déferlent sur les cultures, on a véritablement l'impression que les bestioles nous tournent autour de la tête. Le final (traversée de la Mer rouge), grandiose, met définitivement au rencart le chef-d'œuvre de Cecil B. DeMille, « Les dix commandements ». Du très grand spectacle, comme seul Hollywood peut en produire, mais qui ne rencontrera pas le même succès qu'aux USA où la religion est beaucoup moins polémique qu'en France.

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Christian Bale habité par son rôle

Pour interpréter Moïse, Ridley Scott a fait confiance à Christian Bale. Cet acteur britannique qui a débuté très jeune (il interprétait l'enfant de L'Empire du Soleil de Spielberg en 1987) est capable de passer de Batman au rôle d'un ouvrier dépressif en un clin d'œil. Souvent méconnaissable, il façonne ses personnages avec sa tête et son corps qu'il malmène régulièrement. Dans « Exodus, gods and kings », il a deux périodes. La première, jeune et brave, il combat au côté de Ramsès II. Une performance physique essentiellement au cours de laquelle il chevauche, manie l'épée et massacre allègrement les soldats ennemis. Ensuite il devient ce père de famille paisible, visité par Dieu (qui prend l'apparence dans le film de Ridley Scott d'un enfant de 10 ans, énigmatique et parfois cruel), habité par la foi. Il va s'épaissir, porter une tunique neutre en remplacement des armures clinquantes, arborer une barbe de plus en plus fournie. Et on constate, interloqué, que plus le film avance, plus Christian Bale a des airs surprenants de Charlton Heston, interprète emblématique de Moïse dans les Dix Commandements. Un tour de force pour un comédien qui ne cesse de séduire par ses choix osés, toujours relevés avec brio.


lundi 29 décembre 2014

DVD : Coffrets et intégrales, cadeaux idéaux

Au moment de choisir des cadeaux pour vos proches, ne négligez pas la case vidéo : cela fait toujours plaisir et le choix est énorme.

Pour les enfants

Planes 2. Suite du film Disney sur les avions de course. Avec cette fois une forte tonalité écologique. Dusty, le plus intrépide des petits avions de course, apprend que son moteur est endommagé et qu’il ne pourra peut-être plus jamais participer à une compétition aérienne. Il rejoint alors l’équipe d’audacieux pompiers du ciel chargés de surveiller le parc national de Piston Peak. (Disney, 17,99 euros)
opéraztioncasse.jpgOpération Casse noisettes. Surly est un écureuil malin et ingénieux. A peine débarqué en ville, il repère un magasin de noix avec un stock suffisant pour nourrir tous les animaux de la forêt pendant l’hiver. Mais pour pénétrer cette forteresse, il va avoir besoin d’aide. Assisté de ses amis, il va mettre au point un plan rocambolesque pour organiser le vol du siècle. Evidemment, rien ne va se passer comme prévu… Vous pouvez vous contenter du DVD, mais il serait bête de rater le blu-ray et encore plus le blu-ray 3D si vous avez le téléviseur adéquat. (M6 Vidéo, à partir de 15 euros)

Pour les cinéphiles
Sautet.pngClaude Sautet. Cinéaste francais d'exception, Claude Sautet a signé nombre de chef d'oeuvres. Vous pouvez en retyrouver cinq dans ce coffret de blu-ray édité par Studiocanal. « De Vincent, François Paul et les autres » à « César et Rosalie » en passant par « Les choses de la vie », on a également le bonheur de retrouver la plus grande actrice française de tous les temps : Romy Schneider. (Studiocanal, 59,99 euros)
Cédric Klapish. Soit vous vous contentez de la trilogie débutée par « L'auberge espagnole », soit vous craquez pour l'intégrale des oeuvres de Cédric Klapish. Cela représente quand même 12 DVD, mais ce n'est pas si cher au final. (Studiocanal, 59,99 euros)

Pour les nostalgiques

Don camillo.pngDon Camillo. Fernandel a tourné dans des dizaines et des dizeaines de films. Mais au final le sympathique acteur provençal reste essentiellement connu pour son personnage de curé Don Camillo. Des comédies sans prétention, un peu datées (la guerre froide est loin) mais qui conbservent un charme indéniable. Des oeuvres à redécouvrir dans ce coffret présentant les cinq titres de la série, remastérisés pour leur transfert sur blu-ray. (Studiocanal, 49,99 euros)
Angélique. Synonyme de premier émoi sexuel pour plusieurs générations de petits français (rediffusions à la télévision oblige), la série des Angélique est aujourd'hui étonnamment moderne. Pour retrouver les sensations d'antan, rien ne vaut ce coffret des cinq titres sur blu-ray. (Studiocanal, 49,99 euros)

Pour les sérivores

labyrinthe.jpgLabyrinthe. Tournée en parie derrière et devant les murtailles de la Cité de Carcassonne, « Labyrinthe » est inspiré du roman de Kate Mosse. Cette fresque historico-fantastique se déroule dans la région, au cœur des croisades et des combats entre cathares et catholiques. Le casting prestigieux. (John Hurt, Sebastian Stan, Tony Curran et Tom Felton) redonne vie au best-seller pour vous plonger dans un conte épique et captivant autour de la légende du Graal. Avec dans les bonus, un long making-of dont une grande place est consacrée à Carcassonne. (Universal, 19,99 euros)
twin.jpgTwin Peaks. La série de David Lynch a révolutionné le genre. Il est prévu une suite en 2016. Alors pour vous replonger dans l'ambiance de la ville de Laura Palmer, craquez pour cette intégrale en blu-ray. Dix disques dans lesquels vous trouverez le film, tous les épisodes de la série et 90 minutes de bonus inédits. (Paramount, 69,99 euros)