mardi 9 septembre 2014

BD : Les cancres aussi prennent des vacances


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Dans ce duel de cancres de la bande dessinée, l’élève Ducobu l’emporte sur Boulard par son ancienneté. Côté résultats aussi il est le plus performant. Il est définitivement abonné au zéro alors que Boulard parvient à sauver les meubles en obtenant, au mieux, un 2 sur 20. Mais l’un comme l’autre sont parfaits pour nous faire rire de leur ignorance crasse. Boulard est un des personnages des Profs, série imaginée par Erroc et Pica. Pour ce “spin-off” de la série vedette des éditions Bamboo, c’est Mauricet qui officie seul au dessin. Boulard éternellement en retard, amoureux transi de la belle et inaccessible Chloé et champion de l’excuse moisie pour justifier, dans le désordre, un devoir non fait, une absence inexplicable ou l’oubli de ses affaires de classes. Moderne, il ne craint véritablement qu’une chose : la coupure de la liaison internet.
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Moins actuel et branché, l’élève Ducobu de Godi et Zidrou, fait plus dans la poésie et le comique de répétition. Ducobu, gros cancre au tricot de forçat et qui semble redoubler éternellement, a deux ennemis : l’instituteur Latouche et cette peste de Noémie. Le premier veut encore et toujours le piéger avec une dictée pleine de mots improbables, la seconde passe son temps à l’empêcher de copier. Pourtant, cela ne lui coûterait pas grand-chose d’aider le dernier, elle qui est toujours première. Ce 20e recueil de gags et d’histoires complètes s’ouvre par une jolie histoire animalière. Pendant que les enfants apprennent (Ducobu dort lui...), les petits animaux prennent possession de la cour de récréation. C’est un peu une mise en bouche pour la sortie, en septembre, du nouvel album de Chrorophylle, le loriot imaginé par Macherot et repris par Godi et Zidrou. Vous pourrez même lire les cinq premières pages en bonus de cet album de Ducobu.
« Boulard » (tome 2), Bamboo, 10,60 €

« L’élève Ducobu » (tome 20), Le Lombard, 10,60 €

lundi 8 septembre 2014

DE CHOSES ET D'AUTRES : La meute sonne l'hallali

hollande, thevenoud, scandale, trierweiler
Quand tout est bu, ne reste que le dépôt du fond. Une lie douteuse et infecte, qui vous ferait presque oublier le goût excellent du vin dégusté quelques instants avant. En France, depuis la rentrée, j'ai l'impression qu'on ne nous sert plus que des fonds de bouteilles. Au goût âcre et amer.
Tout a commencé avec la « cuvée du redressement » de Montebourg.Viré l'impertinent ! Un nouveau gouvernement plus tard, et le voilà plombé en moins d'une semaine par l'affaire Thévenoud. Ce député ambitieux, grand pourfendeur des exilés fiscaux, obtient un maroquin de secrétaire d'État. Problème : il oublie de déclarer ses revenus depuis trois ans. Juste avant, Valérie Trierweiler règle ses comptes. Un livre à charge pour un président au plus bas dans les sondages.
Phénomène de meute, une sorte d'hallali virtuel est lancé partout sur les réseaux sociaux. Petit exemple : les chefs d'État de l'OTAN assistent à une parade aérienne. La tête en l'air, ils regardent tous dans la même direction, vers la gauche. Tous sauf François Hollande qui fixe on ne sait quoi à droite. La photo, prise par un amateur, provoque des commentaires désobligeants. Forcément...
hollande, thevenoud, scandale, trierweiler
Et voilà qu'apparaissent dans les rues des voitures floquées du slogan « Hollande démission ! ». Qui donc osera circuler avec un tel véhicule ?
Et si, malgré sa solide carapace d'homme politique habitué aux coups, Hollande craquait ? Alors, après l'hallali, place à la curée. Mais qui dans la meute hurlante aura les dents suffisamment longues pour s'imposer ? Malheur au vaincu, gare au vainqueur.

dimanche 7 septembre 2014

DE CHOSES ET D'AUTRES : Johnny au vitriol

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Le vendredi, je vous l'ai dit, ma méchanceté n'a d'égale que mon humeur. Pourtant je devrais me réjouir de la diminution du nombre de touristes au kilomètre carré et du retour des enfants dans les salles de classes. Un tableau idyllique gâché par le matraquage sur les ondes, télévisions et journaux compris, du nouveau single de Johnny Hallyday. Contrairement aux dinosaures, dodos et autres tigres de Tasmanie, le Johnny H. est issu d'une espèce très résistante. Le plus célèbre exilé fiscal français vieillissant - 71 ans, un set de six ans d'avance sur Gégé Depardieu - jouit de quelques économies. Cependant, insatiable, il enregistre une nouvelle chanson, et quelques plateformes de téléchargement tard (lui qui doit tout au vinyle) répond aux interviews. L'idole des jeunes reste le rocker de 20 ans (dans sa tête). Résultat il devient l'idole des vieux. En fait Johnny Hallyday incarne le Tino Rossi du IIIe millénaire : une anomalie temporelle inexplicable. Dans les années 70-80, sentant sa célébrité décliner, il tente de survivre aux modes. Du disco aux films de série B, il s'en est fallu de peu qu'il ne tombe dans l'oubli. Et puis un publicitaire pervers a l'idée de l'élever au rang de patrimoine national (alors qu'un Michel Sardou aurait mieux collé au rôle). Ce buzz quand il a failli mourir aux USA ! Des milliers de pages dans les journaux et sites français, pas même une brève en Californie. Alors quand il chante « Regarde-nous » (Johnny parle de lui à la troisième personne...), je détourne ostensiblement la tête et les oreilles !

samedi 6 septembre 2014

DE CHOSES ET D'AUTRES : Tant de vies évanouies

dita pepe, photos, couples
Croyez-vous au destin ? Dita Pepe, photographe, a tranché, qui transpose son art dans cette problématique avec une série étonnante. Elle part de ce principe, le choix du partenaire est primordial. Si elle était tombée amoureuse d'une autre personne, qu'aurait été sa vie ? En un cliché elle résume chacune de ses multiples vies fictives. Résultat, une galerie de photos de famille, toutes plus réelles les unes que les autres.

dita pepe, photos, couples
Dita Pepe, assise sur un lit, donne le sein à un bébé entourée de son mari et de ses trois autres enfants. Dans cette autre scène, elle arbore un tailleur chic, à une main un sac de luxe, à l'autre son mari, grand et distingué. Tout de rose vêtue, elle déguste des fruits frais dans un jardin bien tenu en compagnie d'une femme aux habits extravagants. Talons aiguilles, jupe courte, bustier cuir très échancré, elle pose dans une friche industrielle au côté d'une autre femme dans le même genre d'uniforme, celui du plus vieux métier du monde. Elle sourit sur le seuil de la cabane construite de bric et de broc, son compagnon assis sur une chaise en plastique, le chien bâtard sur les genoux, dans ce qui ressemble à un camp de réfugiés.

dita pepe, photos, couples



Une vingtaine de vies, toutes différentes, toutes plausibles. Voilà par excellence de l'art qui prête à réfléchir. Car ces photos de famille semblent de simples miroirs. Qui n'a pas rêvé un jour de ce qu'aurait pu devenir son existence si, à un moment crucial, il avait pris une autre direction ? Prenez quelques minutes pour y songer. Pour ma part, je l'affirme sans fard : je ne regrette rien. 

vendredi 5 septembre 2014

Cinéma : "Hippocrate" ou comment soigner à s'en rendre malade

Médecin et cinéaste, Thomas Lilti a puisé dans sa propre expérience hospitalière pour écrire et réaliser « Hippocrate », film sur les débuts d'un interne.

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De nos jours, quasiment tout le monde a déjà franchi les portes d'un hôpital. Pour s'y faire soigner ou rendre visite à un proche. On connait donc tous ces longs couloirs où des dizaines de personnes en blouses blanches s'activent, telles des fourmis travailleuses. Mais le personnel hospitalier n'a rien de l'insecte dénué de personnalité, de jugement, d'empathie et de problème. Au contraire ce sont des hommes et des femmes qui ont simplement la chance de se retrouver de l'autre côté de la barrière. Temporairement. « Hippocrate » de Thomas Lilti est un film hommage sur l'abnégation de ces hommes et femmes qui passent souvent plus de la moitié de leur journée à soigner. Et le réalisateur sait de quoi il parle puisqu'il est lui-même médecin et que c'est dans l'établissement où il officie qu'il planté ses caméras.



Film vérité, à fort contenu social, « Hippocrate » est l'antithèse des séries médicales multidiffusées sur les chaînes de télévision.
Pour plonger dans ce microcosme si particulier, le spectateur suit les débuts de Benjamin (Vincent Lacoste), interne nouvellement nommé dans ce service. Encore très jeune, il semble emprunté et peu sûr de lui. Il n'a certes pas d'expérience mais surtout il est dans le service de son père. Si les premières minutes ont presque l'air d'une comédie, rapidement le ton change. Notamment quand Benjamin reçoit le renfort d'un autre interne, Abdel (Reda Kateb). De 15 ans son aîné, il est médecin dans son pays, l'Algérie. Mais pour obtenir l'équivalence de son diplôme en France, il doit lui aussi passer par l'internat. Il arbore sur sa blouse ces trois lettres que les malades remarquent rarement : FFI, faisant fonction d'interne.

L'exploitation des médecins étrangers
Entre Benjamin et Abdel, le courant a du mal à passer. Le premier, encore dans l'esprit étudiant et carabin, est parfois insouciant. Il se la raconte aussi quand il se regarde dans la glace et explique à un interlocuteur imaginaire « Oui je suis médecin. J'ai sauvé des vies... » Pour Abdel cette étape est loin derrière lui. Il doit être irréprochable pour espérer obtenir son diplôme. Alors avec ses collègues venus comme lui d'Afrique ou d'Amérique latine, il enchaîne les gardes, vit dans une petite chambre dans l'hôpital, s'investit corps et âme. Mais c'est aussi cette expérience qui l'empêche de tout accepter. Notamment la douleur des patients et l'acharnement thérapeutique. Le film glisse alors vers une critique du système où certains chefs de service, loin de leur engagement premier, cherchent avant tout à rentabiliser les lits. Un film porté par les deux acteurs principaux. Vincent Lacoste, en fils à papa parfois dépassé est étonnant, l'acteur ayant surtout joué dans des comédies (Les Beaux gosses). Reda Kateb porte pour sa part une humanité contagieuse. Si tous les médecins avaient sa compétence et sa gentillesse, le monde de la santé en France se porterait certainement mieux...
Michel Litout



La révélation Reda Kateb


Même si la promotion du film est essentiellement portée par Vincent Lacoste, acteur comique qui change de registre, le véritable personnage principal d'« Hippocrate » est Abdel Rezzak, le médecin algérien interprété par Reda Kateb. Ce rôle fort donne une nouvelle occasion à ce comédien passé par le théâtre d’imposer son talent.
hippocrate, lilti, lacoste, kateb, hopitalIl est lumineux dans sa composition d’un homme habitué à prendre des décisions dans son pays, rabaissé au simple exécutant dans l’hôpital français qui l’exploite de façon éhontée. On sent sa force contenue, sa rage éteinte sous la contrainte sociale. Jusqu’à la rupture. Benjamin, carrément hostile au début, va finalement comprendre quel est le vrai but de cette profession. Et quand il doute et explique à Abdel que peut-être il n’est pas fait pour ce métier, le « faisant fonction d’interne » a cette réplique définitive : « Mais médecin ce n’est pas un métier. C’est une malédiction. »
Si certains des infirmiers intervenant dans le film le sont véritablement danse la vie active, ce n’est pas le cas de Philippe Rebbot, excellent second rôle récurrent du cinéma français actuel.

jeudi 4 septembre 2014

DVD : "Barbecue" ou le chant de l'amitié

barbecue, wilson lambert, lavaine, dubosc, forresti, de tonquédec, studiocanalFilm choral, « Barbecue » d'Eric Lavaine explore toutes les facettes de l'amitié, des meilleures aux pires.

Qu'est-ce qui compte plus que l'amitié ? L'amour étant hors catégorie, il reste la santé. Antoine (Lambert Wilson) va fêter ses 50 ans. Beau, sportif, à l'hygiène de vie irréprochable, il profite de ce présent radieux entre bande de potes sympas, femme aimante et aventures sans lendemain (ses trophées n'ont jamais plus de 25 ans...). Et puis c'est la tuile. Un gros infarctus, quelques jours dans le coma, une opération et une rééducation accompagnée de recommandations draconiennes. Mais à quoi ça sert d'être exemplaire dans son cas. Il l'a été et ça n'a servi à rien. Alors Antoine reprend sa vie en main et laisse place au plaisir, le vrai. Notamment en invitant potes et famille dans une belle maison nichée au cœur des Cévennes. 15 jours de vacances qui commencent bien mais qui finissent très mal.


Éric Lavaine, le réalisateur et scénariste de cette comédie très enlevée, semble avoir écrit son film en fonction de son casting. Chaque personnage colle parfaitement au comédien choisit. Si Lambert Wilson sert de liant, de fil rouge, tous les autres sont beaucoup plus que des « seconds rôles » (horrible terme dans ce genre de réalisation. Mention spéciale à Florence Foresti, parfaite en divorcée un peu fofolle et dévergondée. Franck Dubosc, son ancien mari, jaloux et rancunier prouve que s'il s'en donne la peine, c'est un excellent acteur. Jérôme Commandeur, en simplet de la bande est criant de vérité. Lionel Abelanski, le plus renfermé, n'en occupe pas un moins un rôle central pour le final. Mais une nouvelle fois, la révélation est Guillaume de Tonquédec. L'acteur de « Fais pas ci, fais pas ça » endosse de nouveau le costume du pédant prétentieux. On aime le détester...


Dans le DVD de cette excellente comédie qui a dépassé le million d'entrée, on retrouve les 9 extraits qui ont donné envie aux spectateurs de découvrir ces vacances atypiques. En bonus également un documentaire sur les coulisses du film, notamment les explications de la personne chargée de confectionner les menus. Car on mange beaucoup dans ce film tourné à Lyon et dans l'Hérault.

« Barbecue », Studiocanal, 15,99 €
 

mercredi 3 septembre 2014

DE CHOSES ET D'AUTRES : Des nuages sur les stars

Jennifer Lawrence, Kate Upton, Kaley Cuoco, Avril Lavigne et d'autres stars du cinéma, de la télévision et de la chanson ont été surprises ce week-end en train de batifoler nues dans les nuages. Tout en étant sommaire et assez éloigné de la vérité, voilà pourtant la meilleure représentation du « celebgate ».
En réalité, un hacker est parvenu à percer les barrières de sécurité du stockage virtuel (le cloud ou nuage en langage informatique) des photos de plusieurs centaines d'utilisateurs de smartphone.
Parmi eux, quelques célébrités qui ont compris que leur iPhone et autre Galaxy permettent de réaliser des photos de très bonne qualité. Et persuadées que le cliché ne sort pas de l'appareil, se sont permis quelques portraits osés, seules ou en compagnie. Le hacker, bon prince, n'a pas voulu garder pour lui ces pépites. Voilà comment quelques milliers d'internautes ont brièvement découvert la chute de rein vertigineuse de Jennifer Lawrence.
Figurerait également parmi les victimes Rihanna. Mais cette dernière, depuis sa séance de photos dans « Lui », n'a plus grand chose à cacher...
Le scandale fait grand bruit. Certaines clament : il ne s'agit que de trucages éhontés ! D'autres reconnaissent le piratage et lancent une horde d'avocats pour empêcher toute propagation des clichés. Avec efficacité. Le « celebgate » prend une ampleur telle que le FBI him-self enquête pour découvrir l'identité du pirate.
Moralité : si les smartphones se transforment en paparazzi et que la NSA - l'œil et l'oreille de l'Amérique - s'en mêle, Les magazines people n'ont plus qu'à fermer boutique.

mardi 2 septembre 2014

DE CHOSES ET D'AUTRES : pour lutter contre le sida les actrices porno japonaises donnent de leur personne

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Les Japonais sont formidables. Comme en Occident, la recherche contre le sida a besoin de fonds. Ils ont eu une idée géniale pour remplir les caisses. Une dizaine d'actrices porno du cru ont accepté, en échange de 1000 yens soit 7 euros, de participer en payant de leur personne. Une fois l'argent remis aux organisateurs, le donateur a le droit de toucher les seins de la bénévole (elle en a vu d'autres...) Quelques photos de palpations diffusées sur les réseaux sociaux ont fait une publicité mondiale à cette opération originale renommée malicieusement « Télététon ».
Un succès qui pourrait donner des idées sous nos latitudes. La Croix Rouge française a pour ambassadrice Adriana Karembeu. Le splendide mannequin offre son image lors de la campagne de dons. Pourquoi ne pas lui demander de s'investir aussi physiquement ? Lui toucher les seins... ne rêvons pas. Mais une petite séance de bouche à bouche mise aux enchères devrait gonfler la cagnotte. Se faire pincer le nez par ses doigts manucurés, sentir ses lèvres pulpeuses, son souffle chaud et sensuel dans nos poumons...
Vous ne serez pas en reste, mesdames. La collecte des pièces jaunes bénéficie depuis de nombreuses années du soutien de David Douillet. Le grand judoka peut lui aussi se donner à fond. Une petite immobilisation au sol ferait frissonner toutes celles qui rêvent de sentir ses bras virils sur leur frêle corps de faible femme en mal de protection. Par contre, on évitera de demander quoi que ce soit à Bernadette Chirac...

DE CHOSES ET D'AUTRES : Petits sièges, gros avions

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 Il fut un temps où je prenais beaucoup l'avion. Au moins deux fois par an. Pas des moyens-courriers au cours desquels à peine a-t-on le temps de se remettre du décollage que déjà l'appareil redescend vers la destination finale. Non, de ces vols de plus de 12 heures pour rejoindre les contrées exotiques situées au mieux dans l'hémisphère Sud, au pire aux antipodes. En ces temps reculés mon embonpoint me faisait déjà me sentir à l'étroit dans des sièges peu confortables. Par chance, je suis aussi plutôt petit. Mon fondement était littéralement encastré entre les deux accoudoirs, mais au moins mes jambes ne souffraient pas trop. Je ne préfère pas imaginer mon calvaire à présent.
La classe "éco" perd de l'espace au profit des premières beaucoup plus rentables. Certaines compagnies américaines portent atteinte au minimum vital. Pour preuve, deux avions récemment déroutés en raison d'un début de bagarre. Ces trucs-là commencent toujours par un impoli qui incline son siège au maximum. Résultat le passager de derrière ne peut plus ouvrir sa tablette sous peine de se faire hara-kiri. Certains l'acceptent. D'autres non. Récriminations, cris, insultes, horions... fin du vol.
L'alternative retenue par les compagnies low-cost, consiste à choisir des sièges non inclinables. Idée pour lesdites compagnies, avides de services payants : un double monnayeur de part et d'autre du dossier. Un euro, le siège s'incline. Un euro, il se redresse. À la fin du vol, c'est le jackpot assuré pour, vous avez dit low-cost ?

lundi 1 septembre 2014

Rentrée littéraire : Chair bourreau

« La dévoration » de Nicolas d'Estienne d'Orves mène trois récits en parallèle : l'histoire d'un écrivain, d'une lignée de bourreaux et d'un cannibale japonais.

dévoration, nicolas d'estienne d'orves, albin michel, cannibalePrésenté parfois comme une apologie du cannibalisme, « La dévoration » est un roman beaucoup plus complexe et profond. Certes, une partie est consacrée à Morimoto, un étudiant japonais qui a dévoré sa petite amie néerlandaise à Paris. Nicolas d'Estienne d'Orves s'est ouvertement inspirée d'un fait divers célèbre. Mais ce n'est qu'un petit tiers du roman. L'essentiel, le plus passionnant aussi, est le portrait en creux d'un écrivain qui n'en peut plus de signer chaque année le même best seller. Surement pas par hasard, ce personnage de fiction s'appelle aussi Nicolas. Nicolas Sevin, comme son créateur, aime l'opéra. Après une rupture douloureuse, il s'est imposé un régime draconien pour devenir ce romancier qui vend des milliers d'exemplaires à chaque nouveauté. Le même métier que sa mère. Mais elle fait dans la littérature jeunesse.
Dans ses œuvres, Nicolas Sevin explore les parts sombres de l'âme humaine. Ses héros sont des tueurs, des massacreurs, avides de sang et de meurtres.
Le cocktail fait recette mais son éditrice, Judith, est lasse. Elle pousse Nicolas à changer de dimension. Sans parler d'autofiction, elle lui suggère d'écrire sur lui. Mais n'est-ce pas ce qu'il fait déjà ? Et Nicolas de se demander si les tueurs qu'il met en scène ne sont pas tout simplement son moi profond qui n'ose pas franchir le pas.

Bourreau de père en fils
A côté de ce récit très parisien et bourgeois, Nicolas d'Estienne d'Orves glisse de courts chapitres étalés sur plusieurs siècles sur le fameux bourreau Rogis. A la base, c'est un bon boucher, obligé de changer de métier pour éviter l'échafaud. La chair et le sang, il connaît. Couper, trancher sont des gestes qu'il maîtrise. Voilà comment il se transforme en cet être qui fait froid dans le dos et transmet son savoir et sa charge à sa descendance.
Le roman exerce un sorte de fascination malsaine auprès du lecteur. Entre les expériences sexuelles extrêmes de l'écrivain, l'abnégation de l'homme en noir passant de la hache à la guillotine (comme d'autres de la machine à écrire à l'ordinateur) au cannibale qui parle à la première personne n'épargnant aucun détail macabre, le choc est parfois rude. Mais en fait on entre dans un autre monde quand on pénètre le quotidien de Rogis, Morimoto ou Nicolas. Ce dernier semble parfois véritablement fou et déconnecté de la réalité. « Le monde bouge et je reste immobile; l'univers tourne autour de moi. Je suis le seul point fixe d'une cosmogonie frémissante. J'ai donc tous les droits, comme un dieu. Je tends la main et saisis des bribes du réel. De l'autre côté commence l'univers parallèle, celui où tout est possible, un monde sans limites, sans morale. » Le mot est lâché : la morale. Difficile de lire ces pages sans avoir parfois des haut-le-cœur. Mais il faut bien se dire, et se convaincre, que ce n'est que de la littérature. Et que les pires crimes, les plus horribles perversions et monstrueuses déviances ne comptent pas tant qu'elles restent de simples mots imprimés sur du papier.

« La dévoration », Nicolas d'Estienne d'Orves, Albin Michel, 20 €