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lundi 10 octobre 2022

Nucléaire - Philippe Ségur imagine le pire

Texte coup de poing, radical et sans concession pour Philippe Ségur, universitaire perpignanais. Dans La nuit nous sauvera, il raconte le début de la fin. La fin de notre civilisation, du capitalisme et de la domination de l’homme moderne sur la planète. Un texte très court (40 pages de fiction, une dizaine de postface explicative), un peu comme un manifeste à prendre avec des pincettes. Car les conséquences de l’action terroriste du narrateur et de ses complices sont irrémédiables. Après une enfance heureuse dans la communauté écolo de ses parents dans l’Aude, le narrateur devient anarchiste puis se radicalise face à l’inertie des pouvoirs publics en matière de dérèglement climatique. Il va patiemment s’infiltrer dans le personnel d’une centrale nucléaire française, pour, le moment venu, faire imploser le réacteur et saboter toute la distribution d’électricité du pays. Une plongée dans la nuit provoquée qui pourrait permettre à la planète d’enfin respirer, l’effondrement de la civilisation humaine marquant un nouveau départ, une renaissance. A méditer. « La nuit nous sauvera » de Philippe Ségur, Buchet Chastel, 4,90 €

mardi 4 septembre 2018

Rentrée littéraire - La grande désillusion de Philippe Ségur, alias "Le Chien Rouge"


Le narrateur a pour nom Peter Seurg. Il est prof de droit à l’université. Seurg, Ségur. La passerelle est évidente. Le romancier catalan a-t-il cédé aux sirènes de l’autofiction ? Dans un sens, oui, mais il va beaucoup plus loin. Il se met en scène, corps physique fatigué, mais surtout esprit bouillonnant, avide de découvertes nouvelles loin d’un monde du réel qui le désespère de plus en plus.

Dans la première partie, le prof, vivant retiré dans une masure dans la montagne catalane, constate avec amertume : «Nous étions quelques-uns encore auxquels on avait appris l’orthographe, le goût des livres, de la pensée, de la culture construite, du latin, du grec, et maintenant non seulement on nous expliquait que cela ne servait plus à rien, mais que nous étions devenus des fantômes qui se cherchaient entre eux dans les décombres invisibles aux nouveaux venus qui, à présent, menaient la ronde et joyeusement y dansaient. » Première partie clairement pessimiste. De quoi filer le bourdon à toute personne se targuant d’être un tant soi peu instruit, voire intello.

Dualité  
Alors que Seurg rejette de plus en plus sa vie mesurée de bourgeois universitaire, lors d’une expérience dans une fête de Burners près de Barcelone, une inconnue lui remet un texte intitulé « L’appel du Chien Rouge ».

Il se reconnaît comme s’il l’avait écrit. « Sur le tard, il avait réussi à publier des romans. Le Chien Rouge avait poussé son premier hurlement de liberté. Puis la bataille avait repris avec rage. L’homme contre l’animal, l’universitaire contre l’artiste, le bourgeois contre l’insurgé. » Qui va gagner ? A vous de faire votre idée avec une dernière partie où l’auteur, particulièrement en verve, pousse l’imaginaire loin, très loin.

Comme dans cette scène. Il se retrouve dans un amphithéâtre bondé d’étudiants en révolte. Seurg va en chaire et annonce à tous qu’il va leur faire passer l’oral. Avec un argument convaincant : un « SigSauer P226, calibre neuf millimètres » en main. Protestation d’un « colosse barbu». «Le savoir est sur internet maintenant. Le cours magistral, l’autorité du prof, c’est fini! » Et que fit Seurg d’après vous ? « Je l’abattis d’une balle dans la tête ». S’il y a des étudiants d’un certain Philippe Ségur qui lisent ces lignes, à l’avenir, méfiez-vous. 

« Le chien rouge » de Philippe Ségur, Buchet-Chastel, 17 €