Depuis son premier roman policier La part du démon paru en 2021 (disponible en poche chez Pocket), Mathieu Lecerf est régulièrement présenté comme une des valeurs montantes du polar français. Une écriture vive et directe, des intrigues originales, du réalisme : il a tout pour passionner les amateurs de ce genre de littérature. Avec le petit plus qui lui permet de se distinguer : ses héros sont particulièrement humains. Pas de flic à l’épreuve de toutes les situations dans le second roman, Au royaume des cris. Au contraire les deux policiers qui sont au centre de l’intrigue se révèlent de plus en plus fragiles. Manuel de Almeida, Manny pour les collègues, le plus âgé, d’origine portugaise, vient d’être papa pour la seconde fois mais rentre surtout d’une longue convalescence. Régulièrement, du bout des doigts, il touche la boursouflure formée par la cicatrice qu’il a à la tête.
La mort, il l’a frôlée. Sa coéquipière, Esperanza, d’origine espagnole elle, est encore plus mal en point. Cela fait sept mois que sa fillette de dix ans a été enlevée. Elle s’est mise en congé sans solde pour tenter de retrouver la fillette. Mais la jeune policière est désespérée car sans piste. Elle dépérit et croit devenir folle dans son studio : « Et subitement, Esperanza se mit à hurler, elle lâcha un cri puissant et déchirant ; si intense qu’elle s’accroupit en s’époumonant, avant de se laisser tomber sur le sol au moment où la plainte s’éteignait. » Finalement, elle reprendra le boulot, tout comme Manny, comme pour préserver ses dernières strates de santé mentale.
En plus de l’évolution de la vie des deux policiers, Mathieu Lecerf greffe une intrigue extérieure qui donne son originalité du roman. Au petit matin, un sniper caché sur le toit d’un immeuble de la rue de Rivoli à Paris fait un carnage dans le Jardin des Tuileries.
Six personnes sont abattues en quelques minutes. Clément Choisy est chargé de l’enquête. Le frère de Manny, Cristian, journaliste, y voit matière à un nouveau livre d’investigation. Tout le monde pense à un attentat terroriste (l’État islamique a revendiqué), mais le journaliste est persuadé qu’il y a une autre raison cachée à ce massacre. Car dans les six personnes assassinées, s’il y a une retraitée, un restaurateur chinois, une mère de famille et son fils et une employée de banque, il y a surtout un riche patron. Cristian va tenter d’en savoir un peu plus sur ce magnat de la presse et l’industrie pharmaceutique en interrogeant son épouse, une célèbre comédienne, à peine veuve et qui va craquer pour le beau reporter.
Une intrigue suivie par le lecteur en parallèle avec la recherche des ravisseurs de la fille d’Esperanza. Un rapt dont la scène finale se déroule à… Collioure.
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