lundi 6 décembre 2021

Polar - Magouilles de l’Espagne franquiste dans « L’origine du mal »

Pour comprendre comment l’Espagne a basculé dans la guerre civile dans les années 30, ce roman de José Carlos Somoza donnera au lecteur curieux des clés rarement mentionnées. Un texte qui se déroule sur plusieurs époques, au début de la cassure entre phalangistes et Républicains, durant les années 50 au Maroc et de nos jours à Madrid. Le premier narrateur, écrivain, reçoit des mains d’un ami libraire, le manuscrit d’un long témoignage intitulé L’origine du Mal

Alors que toutes les télévisions parlent de « trois jeunes étudiantes espagnoles enlevées à Ceuta, probablement par des djihadistes », le romancier va se plonger dans ce récit qui débute par ces mots incroyables : « Je suis mort. J’ai été tué d’une balle dans la tête un jour de septembre 1957. » Celui qui a écrit ces lignes se nommerait Angel Carvajal. Fils de militaire, il a intégré la Phalange avant la déclaration des hostilités par Franco contre la République. Dans cette mouvance extrémiste, il croise le chemin d’Elias Roca. Entre les deux jeunes hommes une amitié va voir le jour. Une fois la guerre terminée, Elias se retrouve au Maroc, à Tétouan, enclave espagnole (comme Ceuta qui l’est restée après l’indépendance), chef des services secrets. Angel, marié, est devenu professeur. 

Durant ces années 50, les velléités d’indépendance du Maroc sont de plus en plus fortes. La France est à la manœuvre, mais en coulisses les Espagnols, plus proches voisins, sont aussi très actifs. Et on découvre les sombres magouilles du gouvernement franquiste de l’époque. Cela constitue le corps principal du roman, mais une fois Angel mort comme annoncé dans les premières lignes, l’écrivain contemporain continue l’enquête et va découvrir une autre vérité. Un roman gigogne, étonnant, instructif et construit comme un thriller entre espionnage et récit historique.

« L’origine du mal » de José Carlos Somoza, Actes Sud, 22,80 €


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