Un concentré de sentiments et d’émotions fortes. Le nouveau film de Robert Guédiguian est une réussite, signe que le réalisateur marseillais est devenu une référence incontournable du 7e art français. Une évidence en sortant de la projection de ce film simple dans sa facture mais aux ressorts multiples et allant crescendo dans les remises en cause intellectuelles des protagonistes. Impression confirmée quand Ariane Ascaride et Jean-Pierre Darroussin, deux fidèles de la bande, admettent que c’est son meilleur film, celui où, âge et expérience aidants, il casse la carapace et se confie le plus.
Entièrement tourné dans une calanque préservée près de Marseille, « La villa » débute par l’accident du père. Un AVC qui le laisse tel un lé- gume dans son lit, maintenu en vie par les appareils mais avec des dommages cérébraux irrémédiables. L’occasion pour ses enfants de se réunir dans cette villa qu’il compte leur léguer. Armand (Gérard Meylan) vit toujours sur place, repreneur du restaurant populaire monté par son père. Joseph (Jean-Pierre Darroussin), professeur à la retraite, arrive en compagnie de sa très jeune fiancée (Anais Demoustiers). Quant à Angèle (Ariane Ascaride), elle revient dans cette calanque après des années d’absence. Cette célèbre actrice de théâtre a voulu gommer de sa mémoire ce père et ce lieu après un drame.
■ Réunion de famille
Sur cette thématique de la réunion de famille, Robert Guédiguian va essentiellement parler de transmission, d’héritage, d’éducation. De l’idéal du père il ne reste plus grandchose. Juste ce petit restaurant et surtout celle villa et son balcon en arrondi qui surplombe la baie, vue paradisiaque qui fait bien des envieux parmi les nouvelles fortunes. Il est aussi beaucoup question de mort dans « La villa ». Physique comme ce couple de retraités qui se donne la mort, main dans la main, serein, persuadé que le monde n’est plus pour eux. Intellectuelle aussi pour le personnage de Jean-Pierre Darroussin, reniant son passé installé pour retourner à la source, dans cette calanque inspirante pour le livre qu’il a toujours rêvé d’écrire.
Mais il ne faut pas forcément tenter de tout comprendre dans le film, l’analyser. La meilleure façon de profiter de cet univers, c’est encore de se laisser couler dedans. Et de se laisser entraîner par le tourbillon d’émotions. Alors on comprend pourquoi on est sur terre et on garde longtemps en tête le prénom nom de cet enfant qui va, avec ses trois frères et sœurs, donner toute son humanité à ce très grand film.
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Paroles du réalisateur et de son actrice
Robert Guédiguian, sur la genèse du projet : « On est parti sur une histoire autour du constat que notre monde est en train de disparaître mais qu’on essaie à garder ce qu’il a de bon. Pendant qu’on écrivait, il y a eu le Bataclan. On a été, comme la terre entière, secoué par cette tragédie. Et je me suis dit qu’il est impossible de faire un film sans parler du problème des réfugiés. La question des attentats m’a renvoyé à se qui se passe aujourd’hui dans le monde d’une façon générale. »
Ariane Ascaride, sur le métier de comédienne : « Moi je cherche à retrouver l’aisance totale que j’avais sur une scène quand j’étais enfant. J’étais d’une liberté inimaginable. Le théâtre français est un théâtre bourgeois et ma représentation n’est pas celle de la bourgeoisie, que je le veuille ou non. Et encore j’ai fait des progrès parce que ça fait longtemps que je vis à Paris. C’est un métier très cruel. Moi j’appelle ça l’endurance du coureur de fond. Un truc très solitaire. » Sur le film : « C’était comme un studio à ciel ouvert. On habitait tous dans la calanque donc le soir on mangeait tous ensemble. C’est le seul film où je me suis levée le matin en pyjama et où je suis passée de ma maison en pyjama à la loge sans m’habiller puisque j’allais mettre mon costume. » Sur Robert Guédiguian et le théâtre « il l’a fait une fois mais c’était très mauvais. ça l’emmerde les répétitions, il n’aime pas ça. Il préfère le cinéma, ça va beaucoup plus vite. »
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➤ « La villa » de Robert Guédiguian (France, 1 h 47) avec Ariane Ascaride, Jean-Pierre Darroussin, Gérard Meylan.
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