jeudi 30 novembre 2017

Cinéma : Le stand-up pour réussir sa vie


Tous les chemins mènent au stand-up. Et souvent, le stand-up mène au cinéma. Parcours classique donc pour Nawell Madani, révélée au Jamel Comedy Club et devenue depuis une abonnée des théâtres complets. L’envie de faire un film, elle la porte depuis toujours. Comme une évidence.
Mais avant d’atteindre le graal, comme le personnage qu’elle interprète dans «C’est tout pour moi », la route est longue, semée d’embûches, de faux amis et, parfois, de mentor. « Mon histoire est universelle » tient-elle à préciser lors d’une rencontre au Méga Castillet de Perpignan, juste avant une avant-première dans une salle pleine à craquer.


Son histoire adaptée, modifiée, édulcorée parfois, c’est celle de Lila, jeune Belge d’origine maghrébine qui rêve de devenir danseuse. Mais le père, taximan, refuse cette voie. Alors elle s’entête, s’imagine en haut de l’affiche, rêve de Paris et de ses lumières.
Elle part à l’aventure, dans sa voiture, faisant croire au paternel qu’elle a été admise dans une grande école de commerce. Mais tout en étant douée, la compétition est rude. Surtout les mauvaises rencontres nombreuses. Et elle tombe sur un escroc lui aussi très doué dans sa partie. Résultat, le rêve se transforme en cauchemar et Lila se retrouve en prison.
Le film prend alors une certaine gravité. Entre ces quatre murs, la jeune danseuse va devoir se forger une nouvelle personnalité. Et se découvrir des talents dans l’improvisation pour mettre en boîte ses codétenues quand la tension monte trop. Elle participe aussi à un atelier avec un metteur en scène réputé (François Berléand) et décide de tout faire pour devenir vedette de stand-up.
Il y a beaucoup de vrai dans le film. Si l’épisode de la prison semble inventé (même si Nawell laisse toujours un peu planer un doute), la partie concurrence entre humoristes semble directement tirée de son expérience du Jamel Comedy club. Et l’esprit régnant dans ce milieu ne semble pas des plus sympa, entre machisme et vol de blagues. Mais la force première du film reste la relation entre la fille et son père. Une thématique qui résonne encore plus fort dans son milieu d’origine. Comment faire comprendre à son père que l’on n’est pas fait pour ce qu’il nous destine ? Comment renouer le dialogue après un reniement ?
Cette épreuve, Nawell Madani l’a véritablement vécue. Et la fin du film est directement inspirée de sa propre expérience, comme pour rejouer et graver à jamais ce déclic qui lui a permis de retrouver sa famille, se faire accepter dans son métier et aussi retrouver une sérénité. Depuis elle est rayonnante, a réalisé son premier film malgré les difficultés financières, l’a présenté à des milliers de spectateurs en avant-première et espère que cela va marcher. Même l’incorrigible pessimiste (qui va de pair avec le perfectionnisme) avoue que « ce film a tout à prouver. Il faut qu’il fasse écho et qu’on en parle autour de soi. »
➤ « C’est tout pour moi », comédie dramatique de Nawell Madani et Ludovic Colbeau-Justin (France et Belgique, 1 h 43) avec Nawell Madani, François Berléand.

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