Vers plus de simplicité
Résolument réaliste, cette version étonne par sa maîtrise mais aussi sa fidélité à la personnalité du cowboy. L'action se déroule dans une petite ville minière. Le shérif, légèrement demeuré, est secondé par ses deux frères, beaucoup plus futés. Lucky Luke ne compte rester qu'une nuit. Mais les habitants lui demandent de rester pour retrouver une cargaison d'or volée. Une mission que Lucky Luke accepte, malgré l'hostilité des frères. L'enquête progresse, jusqu'à ce fameux duel, dessiné et mis en scène tel un film de Sergio Leone. Le scénario imaginé par Matthieu Bonhomme tourne en réalité autour de l'arrêt du tabac par le héros. "Quand j'ai eu l'autorisation de reprendre Lucky Luke, c'est la première chose que j'ai demandé 'Lucky Luke a-t-il le droit de fumer ?'» La réponse négative, arrange bien le dessinateur qui en profite pour expliquer comment et pour quelles raisons très humaines il arrête le tabac. Ce rêve de gosse permet aussi au jeune dessinateur de rendre hommage à Morris, un auteur qui l'inspire depuis son enfance.
Et quand il termine son école d'art et se dirige vers la BD, il rouvre des Lucky Luke pour trouver des solutions : "c'est génie, il a tout compris. Il faut aller vers plus de simplicité, l'évidence et le graphisme comme il le fait.» Même s'il regrette d'avoir dû abandonner le cowboy solitaire, Matthieu Bonhomme savait que ce ne serait que cette reprise ne durerait que le temps d'un album. "J'ai d'autres projets, notamment un nouveau cycle d'Esteban qui ne se passe pas en Patagonie" se justifie-t-il.
Maintenant, ce Lucky Luke différent est parti à l'assaut des librairies avant l'arrivée de la véritable nouveauté, en novembre, scénarisée par Jul et toujours dessinée par Achdé puis en janvier 2017 de la version humoristique de Bouzard. A 70 ans, Lucky Luke n'a pas fini de faire parler de lui.
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Programme éditorial copieux
Pour les éditions Lucky Comics, l'anniversaire du héros de Morris repris par Achdé au dessin est un événement d'importance qui dure toute l'année. Un programme éditorial très chargé lancé en décembre avec le beau livre 'L'art de Morris' accompagnant l'exposition d'Angoulême. Pour Philippe Ostermann, directeur général des éditions Dargaud, cette monographie est "une exégèse de Morris et de son apport au 9e art. On peut y voir des œuvres de 1947 à 2000." Des réflexions sont en cours pour continuer à faire vivre cette exposition en dehors de la capitale de la BD.
Nouveauté en novembre
En janvier dernier, relance du fonds avec la sortie de 10 albums mythiques de la série pour la somme de 7 euros. Une opération petit prix à l'opposée de l'édition en version très grand format et luxe de 'Phil Defer' datant de 1956, véritable petit bijou vendu 99 euros, bénéficiant d'une reproduction exacte des planches d'origine. Seconde étape, la sortie de deux albums de Lucky Luke vu par... Matthieu Bonhomme tire le premier alors que Guillaume Bouzard propose sa vision humoristique de l'Homme qui tire le plus vite que son ombre en janvier 2017. Un album très attendu car, de l'aveu du directeur de Dargaud, le créateur de Plageman "est allé très loin dans le style parodique et 'montypythonesque'" En attendant, Le 4 novembre exactement, les millions de fans retrouveront un nouvel album dessiné par Achdé (repreneur officiel de la suite de Morris, choisi par ce dernier), mais cette fois sur un scénario de Jul, le créateur de 'Silex and the city'. "Le choix de Jul est issu d'une discussion commune, selon Philippe Ostermann. Il a une immense admiration pour Goscinny et Lucky Luke. Comme il travaille avec nous depuis très longtemps, cela s'est fait en toute confiance." Mais il a dû cependant composer avec certaines contraintes comme une pagination imposée et l'obligation d'être tout public. "C'était un défi pour lui de faire de la très grande BD classique lisible par les adultes comme les enfants." Un album qui sera très certainement en tête des ventes au moment de faire un cadeau de fin d'année.Enfin, dernier étage de la fusée, la réédition des intégrales des albums de Morris, dans une nouvelle version, enrichie de cahiers thématiques.
"L'homme qui tua Lucky Luke", Lucky Comics, 14,99 euros
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Morris, la carrière d'un géant du 9e art
70 albums, 3 000 planches. Maurice de Bevere, dit Morris, n'a quasiment jamais ralenti sa production durant toute sa carrière. Jeune apprenti dessinateur, il intègre le studio de Jijé, animateur de Spirou à la fin de la guerre. Ce maître du dessin, pouvant passer du comique au réaliste avec une rare dextérité, tente l'aventure aux USA. Il part avec femme et enfants, sans oublier dans ses bagages ses deux jeunes assistants : Morris et Franquin. Le périple outre-atlantique vire au cauchemar. Tous se retrouvent finalement au Mexique. Franquin rentre le premier en Europe, Jijé tente de s'établir à Mexico et Morris, file à New York. Il y restera longtemps, rencontrant un autre francophone passionné de BD : Goscinny. On ne le sait pas toujours, mais plusieurs albums de Lucky Luke ont été dessinés en Amérique. Les planches rejoignaient Bruxelles par bateau. Certaines s'égarant en chemin... De retour en Europe, avec Goscinny, Morris quitte Spirou pour Pilote. Lucky Luke devient de plus en plus célèbre, l'égal d'Astérix. Tout en multipliant les dérivés (Rantanplan notamment), Morris surveille les adaptations à la télé. Et contrairement à Hergé, il voudra que son héros lui survive.
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