Politique, social et familial : le nouveau roman de Jérôme Camut et Nathalie Hug joue sur plusieurs fronts. Trois fois plus passionnant !
Le sous titre de ce roman, « On paie toujours ses fautes. C'est juste une question de temps » plante le décor. En progressant dans la lecture, on se rend compte que tous les protagonistes ont des passés sulfureux. Le héros, Jacques Peyrat, en premier. Pourtant il est présenté dans les premières pages comme un homme charmant. De nos jours, il possède un hôtel dans une île des Caraïbes. Il accueille les touristes en compagnie de sa femme Libbie, enceinte de sept mois. Ils s'aiment dans un petit paradis. Mais quand on connaît la bibliographie des auteurs, Jérôme Camut et Nathalie Hug, on se doute que la dominante rose ne va pas durer. Un simple coup de fil va tout faire basculer. Jacques s'envole du jour au lendemain pour la Suisse. Il va récupérer Lulu, sa première fille âgée de 14 ans. Et le lecteur, en découvrant cette adolescente, va également plonger dans la jeunesse de Jacques.1996. Provincial récemment monté à Paris, Jacques fait la manche dans le métro et vit dans un squat. Il manifeste régulièrement contre le gouvernement et a souvent maille à partir avec les forces de l'ordre. La haine des uniformes semble être son principal moteur. Quand il rencontre Grace, une jeune étudiante américaine, c'est le coup de foudre. Quelques mois plus tard, c'est moins romantique. Enceinte, Jacques abandonne Grace qui sera seule quand Lulu nait. En 1998, Grace part aux USA avec sa fille. Jacques, s'étant découvert une fibre paternelle à rebours, décide de tout faire pour la retrouver. Il a besoin d'argent, de beaucoup d'argent. Après un séjour en prison (toujours des problèmes avec les policiers...) il s'associe a deux malfrats pour un casse digne de Spaggiari.
Ce flashback est entrecoupé des retrouvailles actuelles de Jacques et de sa fille. Pour elle, c'est un inconnu. Mais Grace venant de mourir, elle n'a plus que lui. Ils vont tenter de s'apprivoiser, tout doucement. Mais n'en auront pas vraiment le temps.
Enlèvement
Sur les routes enneigées de Suisse, Jacques a un accident. Lulu, une jambe cassée, est transportée dans un refuge dans les bois. Jacques part chercher des secours. Et quand ils arrivent sur place, plus de 24 heures plus tard, Lulu a disparu. Pour l'ancien cambrioleur, cela ne fait pas de doute, cet enlèvement est l'œuvre de personnes voulant solder le passé.
L'écriture sur trois niveaux différents (le présent, le passé de Jacques et les confessions de Carmen, une employée d'un homme politique de premier plan) permettent de doser les révélations et de maintenir le rythme à ce récit aux multiples ramifications. Jacques se transforme en fugitif, obligé de partir seul en chasse des ravisseurs de Lulu. Mais la venue de Libbie en Europe va compliquer sa tâche. D'autant qu'elle va apprendre indirectement le passé de Jacques, de sa fille cachée au casse parisien de 1998.
Un roman haletant, dans l'air du temps puisqu'il y est question de secrets d'Etat et des vices cachés d'hommes politiques apparemment au dessus de tout soupçons, marqué par la personnalité de Jacques. Fougueux, un peu trop parfois, le père n'est pas un modèle de vertu. Pas étonnant donc si la fin n'est pas politiquement correcte. Comme les deux auteurs, Jérôme Camut et Nathalie Hug, au ton de plus en plus singulier et important sur la scène du polar français.
« Les murs de sang » de Jérôme Camut et Nathalie Hug, Calmann-Lévy, 18,50 €
Aucun commentaire:
Enregistrer un commentaire