Notre « Gigotant Monarque », « Irascible Souverain » ou « Adorable Autocrate » est de retour sous la plume acide de Patrick Rambaud.
Et s'il ne restait au final de la présidence de Nicolas Sarkozy que cette chronique ? A vouloir trop en faire, l'hyperprésident risque le surplace, voire la caricature. Immédiatement après son élection, alors que le naturel revenait au galop (yacht de Bolloré, dîner au Fouquet's) après des années à se façonner une image, en cassant les codes de la Ve République, Nicolas Sarkozy a fasciné une partie des intellectuels français. Parmi eux, Patrick Rambaud s'est placé dans le rôle de l'observateur, sauce pamphlétaire. Cela a donné une « Chronique du règne de Nicolas Ier » devenant un témoignage captivant et désopilant de cette nouvelle façon de faire de la politique. Et Patrick Rambaud, au risque de délaisser son œuvre romanesque en cours, accepta de donner, chaque année, une suite à cette chronique. Il est vrai qu'il ne manquait pas de matière avec l'éviction de l'impératrice Cécilia et l'apparition de « Madame » Bruni.
En ce début 2010, régalons-nous du récit des frasques de notre « Incorrigible Prince », troisième service. Si l'effet de surprise ne joue plus, on lit quand même cette chronique avec un égal plaisir. Patrick Rambaud ne manquant pas d'imagination pour fournir, à foison, des titres de gloire à notre « Intense Timonier ».
On se délecte aussi des portraits qu'il parsème au gré des événements de l'année dernière. Si « Madame » se montre un peu plus discrète, une autre célébrité de la vie politique française est traitée avec tous les égards qu'elle doit à son rang : l'archiduchesse des Charentes. Certains pourraient penser que l'auteur, après avoir étrillé cette droite décomplexée, voulait se payer à moindre frais une gauche moribonde. Mais sa réflexion, tout en étant avant tout comique, ne manque pas de profondeur. Et d'expliquer que ces deux-là s'apprécient car ils ont un point commun : « Ils jouaient une même musique sur les mêmes instruments : « Moi d'abord » était leur devise, pareillement autosatisfaits et contents de soi. »
Comte d'Orsay vs princesse Rama
D'autres ont les honneurs (mais peut-être le regrettent-ils maintenant) de jouer un petit rôle dans la vie de la Cour. La plus mal lotie ? Certainement cette pauvre baronne d'Ati, reine du paraître dont la « fraîche célébrité, loin de lui peser, la ravissait au point d'être devenue un besoin. » Bref, « Madame de la Justice vivait entourée de miroirs. A la clinique, avant d'accueillir ses sœurs ou des proches, elle faisait venir sa maquilleuse. » Bernard Kouchner, le « Comte d'Orsay » est lui aussi sévèrement brocardé, mais pas au niveau du « Chevalier Le Fèbvre », porte parole du « Parti Impérial », « il avait les yeux verts dans un visage gris, le nez en tubercule, les cheveux mi-longs qui rebiquaient en un jeu de mèches mal domestiquées, des grigris au poignet, des vestes en velours de belle coupe et de grand prix. » Son seul but politique : « servir son prince par tous les moyens ». Dans cette galerie sans concession, criante de vérité il faut bien le reconnaître, une seule parvient à sauver sa peau. Il est vrai que la « Princesse Rama » a tenu tête à notre « Asticotant Potentat » refusant de quitter le gouvernement pour aller siéger à Strasbourg. Mais finalement, l'été venu, la princesse Rama « qui n'y connaissait rien en jeux d'équipe, échoua aux Sports en guise de punition. »
Le récit de cette troisième chronique s'achève à l'automne 2009, après la péripétie Hadopi. A n'en pas douter, l'épisode taxe carbone retoquée par les sages du Conseil constitutionnel se taillera un beau succès dans les premières pages de la 4e chronique que l'on attend déjà avec impatience.
« Troisième chronique du règne de Nicolas Ier », Patrick Rambaud, Grasset, 14 €
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