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dimanche 14 juin 2020

Thriller fantastique - Charlie Parker contre la fraternité fantomatique



S’il est détective privé et tire l’essentiel de ses revenus de filatures de maris infidèles ou d’épouses nymphomanes, Charlie Parker est trop souvent à son goût plongé dans des histoires de spectres, fantômes et autres entités venues de l’au-delà. Rarement pour faire le bien sur la terre et apporter du bonheur aux vivants. Des situations dangereuses, cauchemardesques, dont le principal coupable est John Connolly, le créateur de Charlie Parker. 

Cet écrivain, d’origine écossaise mais qui vit depuis de longues années aux USA, a lentement mais sûrement transformé les enquêtes de Parker en dédale monstrueux dans les bas-fonds des pires déviances humaines. Souvent, fantômes et perversion sont liés. Les psychopathes finissent rarement au Paradis. Et avant de brûler en enfer, ils restent quelques siècles sur terre pour continuer à hanter les vivants et expier leurs fautes. La mission de Charlie est simple : « Nous ne pouvons pas laisser ces gens se balader dans le monde sans que quiconque s’oppose à eux. […] Nous aurons beau cacher nos enfants, fermer nos portes à double tour, ils s’en prendront simplement à des proies plus faciles. »


Dans cette nouvelle aventure intitulée « Le pacte de l’étrange », Charlie Parker est chargé par son nouvel employeur (un ponte du FBI) de retrouver un détective privé qui travaillait lui aussi dans le plus grand secret pour l’organisme fédéral. 

Au gré des investigations menées avec ses deux complices de toujours, Angel et Louis, il va se trouver sur le chemin d’un être particulièrement malfaisant, « un homme maigre à la barbe et aux cheveux roux, au visage aplati à l’extrême, comme s’il n’y avait pas assez de lui pour occuper pleinement trois dimensions. » Mais surtout il devra faire face aux Frères, une association familiale qui ne vit que par et pour le mal. Avec un pacte au final : se transformer en fantômes qui surveillent les descendants. 

Cette fraternité fantomatique devrait vous faire cauchemarder durant quelques nuits tant la description de leurs actes par John Connolly est criante de vérité. Tout comme les « hommes creux, restes sans âmes des morts. » Eux aussi, parfois visibles dans le sillage du Collectionneur (autre psychopathe de première), ont toutes les chances de vous hanter quand vous aurez refermé ce thriller fantastique. Mais mieux vaut se faire peur avec de pures inventions imaginaires que de craindre la vraie violence, celle qui débarque dans notre quotidien sans crier gare. 

« Le pacte de l'étrange » de John Connolly, Presses de la Cité 


vendredi 7 juin 2013

Livres : Anges déchus à la manœuvre avec John Connolly aux Presses de la Cité


Charlie Parker, le détective créé par John Connolly, trouve de nouveau des anges déchus sur son chemin. Du fantastique effrayant.

john connolly, charlie parker, fantastique, polar, thriller, bois, maine, presses de la citéLe Maine, charmant état du nord est des USA, est célèbre pour ses forêts. De belles étendues, encore sauvages, regorgeant de gibier. Ces bois deviennent le lieu de toutes les peurs quand ils tombent entre les mains d'écrivains talentueux. C'est dans le Maine que Stephen King situe ses romans les plus horribles. C'est aussi dans le Maine que s'est retiré Charlie Parker, le détective privé imaginé par John Connolly. L'ancien flic, traumatisé par l'assassinat de sa femme et sa fille, vivote dans la ville de Portland. Il va rarement dans les bois. Pourtant dans ce thriller plus fantastique que policier, il va devoir affronter les créatures réfugiées dans ces lieux isolés.

L'avion et la fillette
Tout débute par la découverte d'un avion. L'épave d'un avion exactement. Un petit bimoteur en train d'être mangé par la végétation et absorbé par les marécages de la forêt impénétrable de Falls End, petite ville au bout de l'état du Maine, à quelques encablures du Canada. Deux chasseurs, Harlan et Paul, poursuivant un cerf blessé, s'égarent et tombent sur cet appareil dont la disparition n'a jamais été signalée. A l'intérieur, ils trouvent une grosse quantité d'argent et une liste énigmatique, Mais pas de cadavres. Ils constatent également que le siège passager était occupé par quelqu'un d'entravé. Les menottes ont cédé au moment du crash. L'homme, ou la femme, semble avoir pu s'enfuir. Surpris par la nuit, les deux chasseurs décident de passer la nuit à l'intérieur de la carlingue. Une nuit inoubliable pour les deux hommes. Ils sentent une présence et finissent par entrevoir une fillette. A moins que cela ne soit dans un rêve. « Une petite fille dont il ne voyait pas clairement le visage dansait dans les bois. Elle s'approchait du feu, plongeait le regard dans la fumée et les flammes, examinait les deux hommes, s'enhardissait et venait plus près, jusqu'à ce qu'elle tende la main et touche le visage de Harlan. Il émanait d'elle une odeur de pourriture. » Prenant leurs jambes à leur cou, ils rejoignent la civilisation et utilisent l'argent discrètement pour améliorer leur quotidien.

Méchant Collectionneur
Des années plus tard, sur son lit de mort, Harlan raconte cette histoire à ses enfants devenus adultes. Il leur demande de contacter le détective Charlie Parker pour enquêter sur l'avion. Reste à savoir pourquoi. L'auteur ne dévoile pas immédiatement le lien entre l'avion et le héros. Ce sera le fruit d'un enquête parsemée de cadavres.
La liste, des noms connus et moins célèbres, semble être au centre de toutes les convoitises. Charlie Parker retrouve de vieilles connaissances, les anges déchus. Ces créatures maléfiques œuvrent dans la coulisse pour faire triompher le Mal. Mais elles doivent se méfier du camp du Bien. Parker sera un allié précieux, cependant plus timoré que le bras armé des bons : un tueur en série d'un rare sadisme, le Collectionneur fumeur invétéré répandant sans son sillage une forte odeur de nicotine.
Logiquement, l'explication finale se déroule dans les bois, près de l'avion et de la fillette. Un roman fantastique transpirant la peur à chaque page. Pas sûr qu'il favorise le tourisme dans l'Etat du Maine...
Michel LITOUT

« La colère des anges », John Connolly, Presses de la Cité, 22 €

mercredi 11 mai 2011

Thriller - Militaires hantés par "Les Murmures" de John Connolly

Charlie Parker, le détective privé très torturé imaginé par John Connolly enquête sur les suicides de militaires américains de retour d'Irak.


Thriller flirtant ouvertement avec l'horreur, le nouveau roman de John Connolly risque vous entraîner, une fois la dernière page refermée, dans des cauchemars d'anthologie. Et si tout à coup, dans le silence de votre chambre obscure vous entendez des murmures, un seul conseil : prenez vos jambes à votre cou !

Toute la force de l'univers mis en place au fil des romans par John Connolly réside dans ce mélange entre réalisme et fantastique. Charlie Parker, le héros, doit survivre dans un monde qui ne lui a que rarement fait des cadeaux. Dans le Maine, à la frontière avec le Canada, il alimente son compte en banque avec des affaires sordides de surveillance ou en démasquant des escroqueries à l'assurance. Rien de bien réjouissant. Aussi quand Bennett Patchett le patron d'un de ses restos préféré lui demande d'enquêter sur le mari, supposé violent, d'une de ses serveuses, il accepte sans broncher.

Interrogatoire poussé

D'autant que ce motif en cache un plus personnel et douloureux. Le fils de Bennett vient de se suicider. Cet ancien marines a combattu en Irak. Son retour à la vie civile l'a plongé dans une sorte de folie ayant pour paroxysme une balle dans la tête. Or le mari violent, camionneur, était lui aussi en Irak, dans la même unité. Charlie va donc se lancer aux trousses de ce Joël Tobias, un peu trop voyant au volant de son 36 tonnes rutilant.

Au début, le détective semble faire chou blanc. Certes Tobias semble vivre au dessus de ses moyens, mais il se contente de faire des aller-retour entre le Maine et le Québec, transportant inoffensives croquettes pour animaux. Charlie Parker croit faire fausse route jusqu'à ce soir où trois hommes cagoulés lui tombent dessus. Ce sont des pros du combat. Et de l'interrogatoire. « Ils rabattirent le sac, me soulevèrent et me replongèrent la tête dans l'eau, une fois, deux fois, trois fois, sans plus me poser de questions, et je crus que j'allai mourir. La quatrième fois, je leur aurai raconté n'importe quoi pour qu'ils arrêtent. Je crus entendre quelqu'un dire : « Vous allez le tuer », mais sans la moindre inquiétude. Ce n'était qu'une constatation. » L'avertissement est clair. Il ne faut plus espionner Tobias.

Le retour du Collectionneur

Menacer Parker. C'est la dernière chose à faire. Il n'a plus grand chose à perdre la vie lui ayant déjà pris sa femme et son enfant. Il décide donc de titrer cette histoire au clair et pour ne plus être du côté des victimes, il fait appel à ses amis Angel et Louis, deux gros bras ayant beaucoup à se faire pardonner, des machines à tuer qui ont changé de camp. Parker découvre alors que les anciens militaires, souffrent tous plus ou moins de syndrome post traumatique. Certains deviennent fous, entendent des voix, des murmures en langue étrangère, les poussant au suicide. Quels sont ces démons tapis dans les ténèbres ? Parker n'est pas le seul à les rechercher. Hérod, tueur purulent en phase terminale d'un cancer généralisé sème lui aussi la mort et une vieille connaissance de Parker, le Collectionneur, fera également son entrée dans la danse.

Violent, terrifiant, sans pitié mais pas sans morale, ce thriller se dévore d'une traite. Alternant habilement les parties fantastiques et celles plus rationnelles, John Connolly parvient à tenir le lecteur en haleine jusqu'à la dernière page, réussissant même le tour de force de nous donner envie de lire son prochain thriller : le personnage de Charlie Parker est en pleine mutation psychologique et cela semble particulièrement prometteur.

« Les murmures », John Connolly, Presses de la Cité, 21 €