jeudi 4 novembre 2021

De choses et d’autres - La drague verte

En pleine COP26, l’écologie est partout. Même sur les sites de rencontres en ligne qui ont constaté qu’une des principales qualités recherchées par les célibataires est de trouver un partenaire écoresponsable, voire adepte du bio ou même vegan. Il en  existe carrément de spécialisés comme Amours Bio ou GreenLovers.

Étonnant comme les modes poussent les gens à accepter des pratiques qu’ils auraient réprouvées avec véhémence il y a trois ans à peine. Car mesdames, sortir avec un écolo, c’est prendre le risque de vous retrouver en tête à tête avec un homme qui n’utilise pas de déodorant (à part celui fabriqué maison à base de fécule de maïs et d’huile de coco) et ne se brosse les dents qu’avec un dentifrice composé de clou de girofle, de bicarbonate de soude et d’argile verte.

J’imagine le premier baiser après une chaude après-midi d’été passée à sauver des animaux de l’abattoir.

Vous me direz, la dame du rendez-vous pourrait faire mieux dans le genre « Je sauve la planète à moi toute seule ». Par exemple économiser l’eau devenue si précieuse en ne se lavant que tous les deux ou trois jours.

Je caricature un peu et grossis le trait, mais si ce sont de véritables amoureux de la nature qui veulent trouver chaussure à leur pied, ils ne devraient pas se contenter, comme à Glasgow, de vœux pieux mais d’actions concrètes.

Au risque d’être rapidement déçus et de voir, étrange paradoxe, la température dramatiquement chuter lors de leurs ébats enflammés.

Chronique parue en dernière page de l’Indépendant le jeudi 4 novembre

mercredi 3 novembre 2021

De choses et d’autres - Netflix sur grand écran

Quand Netflix n’était qu’une plateforme diffusant des séries, le pas encore géant de la culture mondiale était royalement dédaigné par les autres acteurs de la profession. Les grandes maisons de productions comme les chaînes de télé. Il a fallu attendre que Netflix ait plus de 100 millions d’abonnés et que tout le monde parle de ses « coups » à la machine à café (La casa de papel ou Lupin) pour que certains comprennent que le danger était là.


Tout a changé quand Netflix a décidé de produire et de diffuser en exclusivité des films de cinéma. Un paradoxe puisqu’une production audiovisuelle, pour être considérée comme cinématographique, doit être diffusée dans une salle, sur grand écran. Quelques dizaines de films plus tard, dont de remarquables comme Roma, The Irishman ou Marriage Story, Netflix négocie avec quelques salles la possibilité d’organiser un festival en décembre pour permettre de voir quelques-uns de ces films dans des conditions optimales. Et là, Netflix devient du jour au lendemain l’ennemi absolu, la pire peste qui risque de tuer le cinéma français, de la production la distribution.

Pourtant il est envisagé de sortir dans ce cadre The Power of the Dog de Jane Campion, film salué par tous les critiques. Œuvre qui, tiens c’est bizarre, a été présentée en avant-première sur grand écran, en présence de la réalisatrice, ovationnée au festival Lumière de Lyon.

En fait, les films de Netflix dans les salles de cinéma c’est mal, sauf quand ils sont réservés à une petite élite du milieu qui peut en profiter avant tout le monde.

Chronique parue en dernière page de l’Indépendant le mercredi 3 novembre

mardi 2 novembre 2021

De choses et d’autres - Cinq emplois… pour la frime

Si l’on en croit certains leaders politiques, les Français sont des fainéants qui ne travaillent pas assez. Non seulement il faut mettre fin à ces honteuses 35 heures, mais on doit aussi repousser l’âge de la retraite au-delà de 65 ans.

Un discours de droite qui doit dans doute plaire à ce jeune de 20 ans seulement qui s’est fait une sacrée réputation en diffusant un petit film résumant sa journée : « Boulangerie de 4 h à 8 h, agent laborantin de 9 h à 12 h, pizzeria de 12 h à 15 h, matelot sur un catamaran de luxe de 16 h à 21 h, agent d’entretien de 21 h à minuit. »

Cela représente selon lui 120 heures de travail par semaine. En voilà un de Français qui aime bosser. Sans doute qu’il est animé par un besoin impérieux de nourrir sa famille nombreuse ou de rembourser les dettes de ses parents. Mais en réalité, ce jeune se tue à la tâche (il n’y a pas d’autre mot) juste pour faire le beau à la fin de son clip et de se vanter de s’être acheté une Audi RS3 à 20 ans. Tout ça pour une voiture de sport. Pour la frime…

Avec en plus les risques de mélange de boulot : il analyse un croissant au labo puis garni sa pizza avec des souches de virus…

Finalement, en voyant ce montage, je me dis qu’à choisir entre travailler 120 heures par semaine ou me retrouver bénéficiaire du RSA, je choisis sans hésiter la seconde solution. Certes je ne pourrais jamais m’acheter de voiture de sport, mais au moins j’aurais du temps pour mes proches et profiter de la vie, la vraie. 

Chronique parue en dernière page de l’Indépendant le mardi 2 novembre 2021
 

lundi 1 novembre 2021

De choses et d’autres - Revenu d’entre les morts

 

Le titre de la chronique du jour est certainement excessif. Mais pour un retour, après un mois d’absence quand même, je me dois de frapper les esprits. D’autant qu’on est le 1er novembre, jour des morts. Par ailleurs date anniversaire des débuts de mes scribouillages en dernière page de l’Indépendant. Dix ans que je squatte cet emplacement pour le pire et le meilleur, doublé d’un podcast depuis trois ans.

Et pourtant je ne pensais pas revenir frais et dispo. A la base, l’intervention chirurgicale programmée n’est pas spécialement dangereuse, même si j’ai dû signer un document précisant que j’avais bien compris tous les risques, dont l’ultime : la mort. 

Le matin de l’opération, dans la salle d’anesthésie, harnaché par une myriade d’infirmières, un homme masqué apparaît dans mon champ de vision et me demande : « Bonjour je suis l’anesthésiste. Je vais vous endormir. Vous êtes le Litout qui écrit des billets dans l’Indépendant ? » Obligé de répondre oui.

Et immédiatement de gamberger. Mince, et si cet anesthésiste est un des lecteurs qui ne m’apprécient pas et me le fait savoir avec des lettres anonymes pleines de sous-entendus sur mon inutilité et ma nullité ? Et s’il n’avait pas apprécié que je me moque de Jean Castex, Mélenchon ou Zemmour ? Et s’il en profitait pour mettre juste ce qu’il faut de produit en plus pour que je ne me réveille pas.

Voilà comment j’ai cru, durant quelques secondes, ma dernière heure venue. Quelques secondes seulement car avant de sombrer dans le grand sommeil j’ai eu le temps de l’entendre dire « J’aime bien ce que vous faites, je vous écoute aussi parfois en pod… » Bonne nuit tout le monde

Chronique parue en dernière page de l’Indépendant le lundi 1er novembre