samedi 2 avril 2022

De choses et d’autres - 12 moins 10

Des millions de votes après, il n’en reste que deux. C’est la dure loi de notre démocratie. Le président sera celui qui aura récolté le plus de voix au final. Et pas au premier tour, mais au second, après l’élimination des dix losers qui n’ont pas réussi à se qualifier.

Jean Lassalle, le berger béarnais, va retourner garder ses brebis dans les Pyrénées. Peut-être va-t-il proposer un poste à Renaud Dely, éditorialiste à Radio France, qu’il a traité de chien durant une de ses interventions ?

Éric Zemmour calcule déjà à combien il va falloir qu’il vende son prochain livre politique pour rembourser ses dettes. Il hésiterait entre deux titres : « Impossible d’être président » ou « Ils m’ont volé ma France ».

Rien ne change pour Valérie Pécresse : elle reste à côté de son téléphone et continue à espérer, sans doute jusqu’à son dernier souffle, le coup de fil de Sarkozy lui expliquant qu’il veut bien la soutenir.

Chez Anne Hidalgo, surnommée depuis son score historiquement bas : la reine des catacombes, la sérénité est finalement ce qui ressort de la débâcle. Le pire étant passé, l’avenir ne peut être que souriant pour le parti socialiste, quel que soit son nom ou son positionnement politique à l’avenir.

Philippe Poutou pointe de nouveau à Pôle Emploi (peut-être France Travail dans quelques semaines…). Il aurait bien aimé prolonger son CDD de deux semaines mais son dilettantisme lui a été fatal.

On ne sait pas ce qu’a fait Fabien Roussel hier soir, trop occupé à digérer son entrecôte et à cuver son vin…

Yannick Jadot est à l’arrêt complet. Comme une éolienne sans vent un barrage sans eau ou un panneau solaire de nuit.

Reste Mélenchon. Il est bien sur le podium. Mais la présidentielle ce ne sont pas les Jeux Olympiques. Pas de médaille pour le 3e et direction les oubliettes de l’Histoire…

Chronique parue en dernière page de l’Indépendant le lundi 11 avril 2022, lendemain du premier tour de l’élection présidentielle

vendredi 1 avril 2022

Cinéma - Trois contes sur les femmes japonaises

Tel un Rohmer asiatique du XXIe siècle, le réalisateur oscarisé de « Drive my car » livre trois contes féminins sur le hasard et les coïncidences.


Primé à Cannes et revenu des USA avec l’Oscar du meilleur film en langue étrangère, Ryûsuke Hamaguchi est de nouveau à l’affiche avec un film délicat, intelligent et d’une grande finesse psychologique. Contes du hasard et autres fantaisies est composé de trois histoires indépendantes les unes des autres. Seul point commun, hasard et coïncidence jouent un grand rôle dans ces tranches de vie de femmes japonaises.

Chaque récit, après une petite présentation des protagonistes, s’articule autour d’une longue discussion, très travaillée, où l’émotion se fraie un chemin au gré des confidences. On se croirait dans un film de Rohmer, influence que revendique, sans problème, le réalisateur japonais, « J’ai l’œuvre d’Éric Rohmer en tête, quasiment à chaque fois que je fais un film » explique-t-il dans une interview.

Amies d’enfance

Le premier conte, Magie, raconte comment deux femmes se font des confidences sur leurs amours. La première avoue avoir rencontré un homme qui lui plaît. mais il semble fragile, après avoir été trompé par sa précédente compagne. La seconde, qui, elle, a té infidèle, lui donne des conseils. Mais sont-ils sincères, puisque la fameuse compagne volage, c’est elle ? Une mise en bouche qui évite, avec brio, l’écueil du simple vaudeville.


Dans La porte ouverte, il est question de sexe. Une étudiante, qui admirait un professeur d’université qui semblait très coincé, découvre, dans un de ses romans, des passages extrêmement explicites. Elle va aller les lui lire, dans son bureau, avec l’idée de le séduire. Mais ce dernier, sans cacher son émotion, va rester inébranlable, réclamant sans cesse que la porte de son bureau reste ouverte, comme pour ne jamais rien cacher de sa vie. Sans doute la partie la plus pessimiste du film.

Enfin, le 3e conte, sans doute le plus original et brillant, raconte des retrouvailles. Natsuko (Fusako Urabe), 40 ans, revient dans la ville de province où elle a fait ses études, il y a 20 ans, pour une réunion d’anciennes élèves. Elle espère y retrouver son amour de jeunesse. Elles ont vécu quelques mois ensemble, puis la belle est partie vivre avec un homme. Elle ne la voit pas à la réunion, mais le lendemain, en reprenant le train pour Tokyo, elle la croise dans la gare.

Elles vont longuement discuter de ce passé commun. Du moins, ce qu’elles croient au début, car 20 ans plus tard, les deux femmes persuadées de rencontrer des amis d’enfance discutent en fait avec une parfaite inconnue.

Mais la magie du hasard opère, malgré tout, et ces deux femmes japonaises, peu heureuses, vont trouver mutuellement une raison d’aller mieux. Un rayon de soleil d’un incroyable optimisme qui réjouit le cœur du spectateur.

"Contes du hasard et autres fantaisies", film japonais de Ryûsuke Hamaguchi avec Kotone Furukawa Kiyohiko Shibukawa, Katsuki Mori, Fusako Urabe, Aoba Kawai

 

jeudi 31 mars 2022

BD - Elles sont super ces trois filles


Elles sont trois, copines de collège et surtout dotées de super pouvoirs. Gwen, Lisa et Mel (aidées par Razmote, le rat de Gwen) deviennent les Rainbow Girls dans leurs costumes colorés et s’attaquent aux méchants de ce monde destiné aux jeunes de 6 à 10 ans, imaginé par Carbone et dessiné par Canac


Dans ce second volume, les profs du collège veulent maigrir et se trouvent hypnotisés pour réaliser des exactions. Les trois filles se découvriront un pouvoir de plus : devenir invisibles. 

« Rainbow Girls » (tome 2), Dupuis, 9,90 €

DVD - Guillaume Canet voit double dans « Lui »


Très étrange film que ce « Lui » écrit et réalisé par Guillaume Canet.  Il propose en réalité une sorte de psychanalyse filmée et fantasmée, sur ses doutes, sa vie, ses échecs et son double impossible, un véritable connard.  

Un compositeur (Guillaume Canet) s’isole dans une maison sur une île en Bretagne. Pour faire le point. Sur son travail, son couple. Mais rapidement il va discuter virtuellement avec sa femme (Virginie Efira), sa maîtresse (Lætitia Casta), son meilleur ami (Mathieu Kassovitz).  

Film déroutant qui sort en DVD chez Pathé, « Lui » est une véritable plongée dans l’inconscient d’un homme en proie au doute. Un peu trop sérieux pour être convaincant. Mais à voir pour les comédiens qui se donnent à fond.


mercredi 30 mars 2022

Cinéma - “Le monde d’hier” face à la politique de demain

La présidente Léa Drucker. Photo Pyramide Films

À moins de deux semaines du premier tour de la présidentielle, Le monde d’hier, film politique de Diastème, fait froid dans le dos. Dans cette France imaginaire, l’Élysée est occupé, depuis 5 ans, par Isabelle de Raincy (Léa Drucker). Elle a décidé de ne pas se représenter. Officiellement, pour s’occuper de sa fille ado. En réalité, car elle est gravement malade et ne pourrait pas achever son second mandat. A quelques jours du second tour, entre le représentant de son parti et le candidat de l’extrême droite, son directeur de cabinet (Denis Podalydès), lui apprend qu’une vidéo compromettante allait annihiler toute chance de l’emporter pour le candidat républicain. Il faut, dans l’urgence, trouver une solution pour éviter que le pays ne tombe dans les mains d’un populiste. D’autant qu’au même moment un attentat terroriste à l’étranger provoque la mort de plusieurs Français et met la campagne entre parenthèse.

Présenté, en première mondiale, au festival international du film politique de Carcassonne, en janvier dernier, Le monde d’hier aborde, de façon très frontale, le problème de la montée des extrémismes dans une république.  Pour le réalisateur, le danger est très présent, aux portes du pouvoir. Il a bénéficié, pour écrire son scénario, des conseils avisés de Fabrice Lhomme et Gérard Davet, journalistes qui connaissent parfaitement les rouages de l’État. Le film, toujours très sombre, comme dans une nuit qui risque de s’abattre sur tout le pays, explique comment les politiques, parfois, doivent mentir, se renier, mentir et même trancher dans le vif pour éviter le pire. Une démonstration qui fait un peu froid dans le dos.

Film français de Diastème avec Léa Drucker, Denis Podalydès, Alban Lenoir




BD - "Lord Gravestone", un formidable chasseur de vampire


Dans la famille Gravestone, on chasse les démons depuis des générations. John, le dernier de la lignée, a juré de venger son père tué par un vampire. Il vit en Angleterre en 1823 et file le parfait amour avec Mary. 


Il décide de rejoindre Rome et son oncle, inquisiteur au Vatican, pour enfin éliminer la redoutable Camilla. Mais c’est sans compter sur de nombreuses péripéties qui vont le conduire près des portes de l’enfer. Une série fantastique prévue en trois tomes écrite par Jérôme Le Gris et dessinée par un surdoué des ambiances sombres et gothiques : Nicolas Siner.

« Lord Gravestone » (tome 1), Glénat, 14,95 €

Biographie - Avocat hors normes

Il est des hommes qui ne passent jamais inaperçus. Stephen Hecquet est de cette trempe. Cet avocat, mort à 40 ans, a obtenu la grâce présidentielle d’un condamné à mort qui, sous le nom de José Giovanni, deviendra un grand cinéaste. Ami de Roger Nimier mais aussi de Jean Genet, il a également été journaliste et écrivain. 

Un polémiste, doublé d’un pamphlétaire raconté sans jugement par Frédéric Casotti. Homosexuel revendiqué, il a toujours été très dur avec les femmes. En tant qu’avocat il a demandé à ce que ses consœurs soient congédiées et retournent à leur cuisine. Et dans la foulée publie son fameux Faut-il réduire les femmes en esclavage ? Tout sauf du politiquement correct ! 

« Stephen Hecquet, vie et trépas d’un maudit » de Frédéric Casotti, Séguier, 19 €

mardi 29 mars 2022

Cinéma - “Azuro” ou le grand plongeon dans la chaleur des vacances

Valérie Donzelli, mère qui doute.  Paname

Adapté d’un roman de Marguerite Duras, Azuro, premier film de Matthieu Rozé, est comme un rayon de soleil estival avant l’heure. Il y fait chaud et c’est assez chaud entre les différents protagonistes de cette chronique de vacances tendance farniente et plage. Un groupe d’amis partage des locations dans un petit village en bord de mer Méditerranée. Deux couples : Sara et Pierre (Valérie Donzelli et Yannick Choirat), Vadim et Gina (Thomas Scimeca et Maya Sansa) et une célibataire presque alcoolique, Margaux (Florence Loiret-Caille). Une bande, qui s’apprécie, mange tout le temps ensemble, se baigne et refait le monde. 

Un bel équilibre, des vacances parfaites (malgré des tensions dans les couples et la solitude de Margaux), bousculé par l’arrivée d’un homme (Nuno Lopes), beau et séduisant, qui vit sur un bateau ancré dans la calanque ensoleillée. Il va s’immiscer dans le groupe, subir les remarques salaces de Margaux et finalement se retrouver attiré par Sara. 

Un film intimiste, porté par un groupe d’acteurs qui a trouvé une entente parfaite. Valérie Donzelli est lumineuse de désir ; Nuno Lopes, craquant ; Florence Loiret-Caille, hilarante ; et Thomas Scimeca, parfait, entre pitreries et tirades durassiennes.

Film français de Matthieu Rozé avec Valérie Donzelli , Thomas Scimeca , Yannick Choirat, Maya Sansa, Nuno Lopes, Florence Loiret-Caille



BD - Enfance en deuil


Joli album sur le deuil chez les enfants superbement dessiné par Elodie Garcia. Le scénario est de Xavier Bétaucourt qui prouve la diversité de ses inspirations. Nao a 10 ans. En vacances chez son grand-père, ce dernier meurt subitement d’une crise cardiaque. 


La maman de Nao tente de le consoler en lui racontant comment elle a surmonté la perte de sa sœur jumelle quand elle était enfant. Un voyage onirique au pays de l’ombre, où elle a affronté des spectres pour retrouver un peu de lumière dans sa vie.

« Le silence de l’ombre », Jungle, 15,95 €

BD - Indémodable Jules Verne


Nouvelle adaptation d’un roman d’aventures signé Jules Verne. Après Deux ans de vacances, Brrémaud signe le scénario d’Un capitaine de 15 ans. C’est Picaud qui se charge de la transcription graphique de ce récit se déroulant essentiellement sur un petit voilier. 


Partant de Nouvelle-Zélande, le Pilgrim doit rejoindre Boston en passant par le cap de Bonne-Espérance. Mais une fortune de mer fait qu’il ne reste à bord que les passagers, un chien, le cuistot et le mousse, Dick Sand, 15 ans. C’est lui qui est désigné capitaine pour tenter de rejoindre les côtes africaines. Le grand large et l’aventure ont rendez-vous au large des côtes de l’Angola.  

« Un capitaine de quinze ans » (tome 1), Vents d’Ouest, 14,50 €